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Dans un contexte de tensions inédites (flambée du cours des matières premières, inflation, pouvoir d’achat…) qui creusent toujours plus la fracture sociale et alimentaire, comment continuer à mener les chantiers indispensables de la transition alimentaire ? Comment rendre cette alimentation accessible au plus grand nombre ? Cela passera-t-il par des compromis ou alors par un changement plus radical dans nos méthodes ? La transition alimentaire est-elle encore possible ?
J’ai décidé de croiser le regard de 10 personnalités. Idéal pour se faire sa propre opinion sur la question !
Après Florence Dupraz , Bettina Aurbach, Bruno Parmentier , Jean Moreau , Alexia Chassagne , Philippe Goetzmann et Xavier Terlet et Dominique Schelcher, j’accueille aujourd’hui Laure Verdeau, Directrice de l’Agence Bio.
Stéphane Brunerie
Avancer sur le chemin de la transition alimentaire, passer d’une nourriture trop transformée, trop protéinée, trop gaspillée, trop emballée, trop voyageuse à des aliments produits durablement est possible pour tous.
La condition ? Que nous installions une vraie démocratie alimentaire où les citoyens/consommateurs soient éduqués et informés pour faire des choix éclairés.
Il faut donc en parler dès le plus jeune âge, que ce soit en classe pour comprendre et à la cantine pour déguster. Il faut aussi des piqûres de rappel d’information tout au long de la vie, à des heures de grande écoute, tous les soirs à 20h, en affichage, sur les réseaux sociaux…
Avec cela, le citoyen aura des repères : par exemple le transport d’aliments représente 20% de l’empreinte environnementale quand l’origine de la production représente 80% de cette même empreinte.
2 conditions pour parvenir à cette démocratie alimentaire :
- Que les bénéfices collectifs que nous retirons quand nous consommons bio soient connus de tous ;
- Que chacun soit convaincu que oui nous pouvons tous en manger un peu plus chaque jour quel que soit notre pouvoir d’achat. La preuve : 90% des Français ont du bio dans leur placard, et les nouveaux venus au bio sont surtout des ouvriers, des employés, des femmes, des jeunes, autant de populations avec de moindres moyens. (Source : baromètre de la consommation et perception des produits biologiques, Agence BIO/CSA, mars 2022)Pour cela, le citoyen / consommateur doit avoir en tête les 6 leviers de la transition alimentaire.
Ces leviers dépassent la question du bio ou pas bio :
· Gaspiller moins de nourriture ;
· Cuisiner plus de produits bruts ;
· Consommer de saison ;
· Acheter des productions locales en circuit court ;
· Privilégier le vrac ;
· Mieux choisir sa protéine avec des viandes de qualité et des protéines végétales.
Pour mener la transition alimentaire, le premier chantier est que nous, collectivement, citoyens, consommateurs, nous fassions un peu plus de place chaque jour au bio dans nos assiettes.
Parce que les agriculteurs et agricultrices sont toujours plus nombreux à vouloir passer en bio, il faut les soutenir en achetant leurs produits. Pourquoi ? Parce que ces hommes et ces femmes passionnés, qui produisent sans pesticide synthétique contribuent à maintenir notre eau saine, augmentent la biodiversité, créent des emplois et nous rassurent car ils sont audités et certifiés au moins une fois par an.
En France, cela n’a pas de sens d’opposer manger local plutôt que bio puisque l’on peut faire les 2, grâce aux 26 000 fermes bio qui vendent en direct partout sur le territoire.
80% du bio que nous consommons (hors produits tropicaux) est français.
Nous sommes la nation leader en production de bio en Europe : en France bio ET local c’est possible.
Alors pour nous, pour la planète, ayons le Bio réflexe : achetons bio.