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C’est de retour sur mes terres paysannes d’enfance que je vois le monde agricole préparer une nouvelle bataille, très vite.
La bataille d’une vie diraient mes grands parents. Une bataille pour la vie devraient penser mes enfants
Elle sera rugueuse, violente même si je ne le souhaite pas. A la hauteur du mépris de nos paysans, agriculteurs, entrepreneurs et artisans du vivant.
Leur ennemi est clair mais complexe: le système.
Un système d’héritiers des 30 glorieuses qui aura transformé le citoyen créateur de richesse en citoyen consommateur par la propagande d’un pouvoir d’achat bâti exclusivement sous le prisme du prix bas.
Un système administré à la déconnexion entre les lois bienpensantes de quelques uns face aux lois de la nature, toujours plus turbulentes et qui affectent nos agriculteurs au quotidien.
Un système qui ne protège plus suite au démantèlement progressif des mécanismes européens de régulation de la quantité et de la qualité de matières premières agricoles produites, stockées et importées sur notre continent.
Au contraire, un système court termiste qui livre sa dépendance alimentaire aux plus offrants de ce monde plutôt que de batir courageusement son modèle performant et différenciant, au juste prix.
Un système à bout de souffle qui souffre d’une vision, d’une planification et d’une action politique éclairée, assumée et franche.
Un système qui promet mais ne concrétise pas.
L’alimentation est une arme. Une arme de paix comme a su si bien la bâtir le Général de Gaulle. Une arme de guerre aussi, comme nous le rappelle le conflit russo-ukrainien.
Il est loin l’idéal de mon enfance…
Ne retournons pas l’arme contre nous !
Car la vision, le rapport au temps long, l’audace, le courage et surtout l’action me démontrent chaque jour que nous pouvons bâtir et même rebâtir un modèle européen agri-agro souverain, pluriel, performant et différenciant. Ce n’est jamais parfait, jamais à 100%, mais le chemin réalisé me fait dire que nous y sommes, par un projet par dessus tout patrimonialiste plus que capitaliste.
Nous ne pouvons changer que ce dont nous avons conscience, donc restons en conscience de ce que nous vivons et ce que nous faisons.
Persévérons dans le changement. Il est possible et désormais vital.
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