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Dans un contexte de tensions inédites (flambée du cours des matières premières, inflation, pouvoir d’achat…) qui creusent toujours plus la fracture sociale et alimentaire, comment continuer à mener les chantiers indispensables de la transition alimentaire ? Comment rendre cette alimentation accessible au plus grand nombre ? Cela passera-t-il par des compromis ou alors par un changement plus radical dans nos méthodes ? La transition alimentaire est-elle encore possible ?
J’ai décidé de croiser le regard de 10 personnalités. Idéal pour se faire sa propre opinion sur la question !
C’est Florence Dupraz, Directrice de l’Open AgriFood Orléans qui ouvre le bal.
Stéphane Brunerie
La question de la durabilité de notre alimentation est devenue centrale à la lecture des récentes crises que nous venons de vivre.
Une des premières facettes de l’alimentation durable réside dans la disponibilité à long terme de notre alimentation.Même si la France réunit toutes les conditions géographiques et climatiques pour nourrir sa population durablement, on a constaté, durant la crise du COVID, qu’il était crucial de transformer dans l’hexagone ce que nous produisons. Cet impératif va de pair avec un retour certain vers la planification qui nous a tant aidés au sortir de la guerre et fait rimer durabilité avec souveraineté.
La seconde facette de l’alimentation durable, qui est la plus communément admise, est notre capacité à la produire en respectant au maximum les ressources à long terme : conservation des sols, agroforesterie, économies d’eau, réduction des intrants, accélération des efforts de recherche et développement sur les semences sont autant de leviers, clairement identifiés, mais difficiles à actionner aussi rapidement que nécessaire.
Enfin, qui dit alimentation durable, dit assiette carbone. Les producteurs pourront déployer tous les efforts qu’ils pourront, si les consommateurs n’accompagnent pas le mouvement, la durabilité ne pourra être atteinte ? Trois leviers sont ici aussi clairement identifiés ; l’augmentation de la consommation de protéines végétales, pour tendre vers un ratio 30% animal/70% végétal, la diminution du gaspillage alimentaire, qui représente encore 40% de ce que nous produisons, et surtout, une consommation plus responsable consistant à consommer moins, mais consommer mieux, avec des quantités qui permettent de lutter contre l’obésité et le surpoids.
Et comme à chaque fois qu’il est question d’accès du plus grand nombre à une alimentation durable, la notion centrale qui s’impose est celle de l’éducation à l’alimentation sans laquelle rien ne sera possible. C’est en comprenant comment on produit les aliments, comment on les cuisine que l’on pourra amener chacun à s’engager pour une alimentation durable et pour tous !