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Dans un contexte de tensions inédites (flambée du cours des matières premières, inflation, pouvoir d’achat…) qui creusent toujours plus la fracture sociale et alimentaire, comment continuer à mener les chantiers indispensables de la transition alimentaire ? Comment rendre cette alimentation accessible au plus grand nombre ? Cela passera-t-il par des compromis ou alors par un changement plus radical dans nos méthodes ? La transition alimentaire est-elle encore possible ?
J’ai décidé de croiser le regard de 10 personnalités. Idéal pour se faire sa propre opinion sur la question !
Après Florence Dupraz , Bettina Aurbach, Bruno Parmentier, puis Jean Moreau, j’accueille aujourd’hui Alexia Chassagne, Présidente de JUSTE I au plus près de la nature.
Stéphane Brunerie
Si on regarde l’évolution du budget des ménages depuis 60 ans, la part de l’alimentation est passée de 35% à 13,4% !
Si on peut penser que l’évolution des techniques agricoles ont certainement permis d’abaisser les coûts de production des matières premières et ainsi limiter le budget dédié à l’alimentation, on peut aussi s’inquiéter de voir ce niveau continuellement baisser alors que concomitamment l’obésité a été multipliée par 4 sur la même période, corrélation ou hasard ?
Je ne crois pas au hasard, l‘alimentation est passée en 60 ans, du statut de besoin élémentaire à une variable d’ajustement pour se payer des loisirs (multiples abonnements multimédias ; et comme les mastodontes de l’agroalimentaire ont développé de plus en plus de produits transformés de faible apport nutritionnel, mais à prix bas, les Français ont fini par croire que « la bouffe, ça ne doit pas être cher » !
À mon sens il faut donc repenser le statut de l’alimentation par l’éducation dès le plus jeune âge pour lui redonner sa juste place dans le quotidien des Français. Il faut développer l’envie de cuisiner, il faut faire découvrir les produits bruts , les goûts, les saveurs, il faut réenchanter l’alimentation pour qu’elle redevienne essentielle à la vie de chacun.
Parce que bien manger c’est apporter l’énergie nécessaire au bon fonctionnement du cerveau pour les enfants et adolescents et c’est limiter le risque de survenu de comportements agressifs et violents (cf documentaire » Bien nourrir son cerveau » Arte Replay).
Parce que bien manger c’est limiter fortement le risque de développer des maladies cardiovasculaires et des cancers.
Parce que bien manger c’est au-delà de l’aspect vital, la meilleure façon d’être en bonne santé, à court, moyen et long terme et c’est aussi une façon de gommer les inégalités sociales vs la santé, l’éducation, la culture.
L’inflation est peut-être au final « une opportunité » de prendre conscience qu’il faut totalement repenser notre façon de faire de l’alimentation et faire prendre conscience que les produits transformés sont finalement chers pour les apports nutritionnels qu’ils offrent et qu’en faisant une nourriture simple et non transformée, on peut réussir à manger correctement (Cf la page Instagram « 1 Repas 1 Euro).