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Mes grands-parents étaient boulangers en Corrèze.
Parmi mes nombreux souvenirs, je me rappelle très bien de l’odeur des viennoiseries « maison ». On y vendait des « chocolatines » mais ce n’est pas vraiment le sujet de cet article !
A l’époque, on y trouvait des croissants avec une particularité qui n’existe plus beaucoup aujourd’hui : beurre ou ordinaire ?
[Après la Première Guerre mondiale, le croissant est progressivement devenu accessible aux classes les moins riches.] Les riches auront des croissants au beurre – de forme allongée – tandis que la «lumière de l’argent» devra se contenter des croissants de margarine courbés. ( Le Monde , « Les Mystères du croissant », 2005 )
La première et la seconde classe n’existaient pas que dans les trains mais également dans les viennoiseries !
D’un côté le croissant « ordinaire » (la seconde classe en somme) à la margarine (ou matière grasse végétale) mais en revanche à la forme parfaite de croissant. De l’autre côté , le croissant « pur beurre » (la first classe) à la forme plus droite et 100% pur beurre. A l’époque, le croissant « ordinaire » était aussi perçu comme moins « riche » donc moins gras !
Il est à noter que chez LIDL, histoire de brouiller un peu les cartes, on trouve des croissants ordinaires droits et des croissants au beurre en forme de croissant de lune. Il semblerait que cela soit dû au fait que ce sont des produits importés.
Courbez ensuite le croissant si vous avez utilisé de la margarine et laissez-le droit si vous avez utilisé du beurre. Le façonnage des croissants , dans la pâtisserie Conseils CAP, Grégory
La perception de la qualité diffère selon les époques
Aujourd’hui, montée en gamme générale oblige, le croissant végétal a bel et bien disparu de la plupart des boulangeries ou plus précisément, on les trouve beaucoup plus rarement. Plus vraiment le choix donc, c’est pur beurre pour tous ! Le beurre est même devenu tellement plébiscité au niveau mondial que les cours ne cessent de flamber propulsant la motte en véritable pépite.
Pour autant, à y regarder de plus près, notre époque ne s’apprêterait-elle pas à réhabiliter en douce la fameuse signature « ordinaire » en la puissante tendance du végétal ?!