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Cela devait arriver. Après Booba vs Kaaris, place à un duel 100% féminin entre Isabelle Saporta et Emmanuelle Ducros. Et c’est sur Twitter qu’elles ont décidé de s’étriper.
Isabelle Saporta (11 513 followers) et Emmanuelle Ducros (25 559 followers), sont deux journalistes ultra actives sur le réseau social à l’oiseau bleu avec, chacune à leur façon, un caractère bien trempé ainsi qu’un don pour le parler-vrai et les punchlines qui claquent.
Si elles tracent des routes diamétralement opposées, elles ont pourtant entrepris de taper la discussion ces derniers jours et les échanges sont plutôt vifs, encouragés de part et d’autre par des fan-clubs survitaminés.
2 salles 2 ambiances
Isabelle Saporta, la disciple de Jean-Pierre Coffe (au très célèbre « Mais c’est d’la merde ! »), a la défense du « bien manger » dans la peau. Elle fustige les dérives de l’agriculture productiviste et de l’alimentation industrielle. Et sur ces thématiques très populaires auprès du grand public, Isabelle Saporta n’est pas du style à y aller avec le dos de la petite cuillère. Elle est l’auteur de nombreux livres engagés comme « Ce que nous devons savoir sur le beurre », « Ne mâchons pas nos maux : consommons autrement pour vivre mieux » « Vino Business » ou encore « Le Livre noir de l’agriculture : comment on assassine nos paysans, notre santé et l’environnement ». Farouchement anti-OGM, militante du bio, elle défend clairement les questions d’écologie politique.
De l’autre côté, Emmanuelle Ducros, journaliste à l’Opinion, a fait de l’agriculture et de l’économie ses sujets de prédilection. Elle dénonce de façon virulente la lutte anti-glyphosate, véritable « intoxication collective » selon elle, et ne manque pas une occasion pour tacler les incohérences du bio. Elle a clairement en ligne de mire « l’écologisme », une « nouvelle religion » selon elle. Elle positionne toujours son argumentation clairement du côté de la science et invite à ne pas mélanger la notion de risque et celle de danger.
Bref, en ce moment sur Twitter, le petit oiseau est soudainement devenu tout rouge et c’est « Règlement de compte à OK Corral » !
Que l’on soit pour l’une, pour l’autre, qu’on n’adhère partiellement, voir pas du tout, à leurs idées, il faut reconnaître à ces deux personnalités leur incroyable détermination à défendre leurs convictions et poser chacune des sujets importants sur la table. Oui, face aux dérives de la production de masse sans limites, le système alimentaire doit être complètement repensé mais on ne doit pas non plus nourrir la psychose en mélangeant la notion de risque avec celle de danger et exploiter ainsi les peurs des citoyens.
La dictature de l’émotion
Alors, faut-il nécessairement radicaliser le débat pour faire avancer les sujets ? Mettre de l’eau dans son vin en fait-il pour autant une piquette ? Une posture modérée est-elle une posture molle ? On peut y réfléchir.
Ce qui est certain, c’est que notre époque ne sait plus franchement faire dans la dentelle et nous pousse à raisonner et à nous positionner avec beaucoup trop de passion sur les sujets de société. Dans cette bataille de l’opinion, la plus grande défaite (observée sur les réseaux sociaux) reste quand même celle de l’écoute et du respect de la liberté d’expression permettant à chacun de s’exprimer sans avoir à subir une violence extrême en retour.
Au centre, il y a fort à penser que le consommateur « lambda » reste totalement circonspect face à cette vision rendue aussi caricaturale d’une réalité sûrement beaucoup plus complexe.