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L’éducation à l’alimentation est devenue un sujet qui préoccupe l’ensemble des Français : acteurs économiques qui travaillent quotidiennement pour nous nourrir, citoyens inquiets pour leur santé et celle de leurs enfants.
Les médecins eux aussi soulignent le caractère impérieux de cette demande, comme en témoigne la tribune co-signée par Yannick GUILLODO, médecin du sport et cofondateur de l’Université citoyenne de prévention en santé (UCPS-UBO) ; Anthony FARDET, chercheur en alimentation préventive, durable et holistique (Inrae) et Louis LEBREDONCHEL, sociologue de l’alimentation et de la santé (université de Lorraine) :
« En conclusion : l’inactivité physique, la sédentarité et la mauvaise alimentation construisent le tsunami sanitaire que nous décrivons depuis quelques années. Une meilleure lutte contre ces comportements, y compris l’exposition aux écrans, et une « éducation à l’alimentation holistique » à l’école, représentent des mesures essentielles de prévention. Nous encourageons leur mise en place à travers une pédagogie participative et adaptée aux enfants. Cet enjeu de société doit requérir l’attention des décisionnaires pour que cette éducation appropriée soit systématiquement exercée à l’école et intégrée aux programmes scolaires. ».
L’inscription de l’éducation à l’alimentation dans les programmes scolaires devient une évidence, voire une urgence de santé publique. Cette conviction s’appuie sur deux observations :
- D’une part, la déconnexion avérée entre agriculture et société, conséquence d’une modification profonde de la sociologie française en 2 à 3 générations. Déconnexion renforcée par une transmission intrafamiliale qui a disparu, on ne cuisine quasiment plus au sein des familles et la méconnaissance alimentaire ne cesse de croître.
- D’autre part le lien entre alimentation et santé publique est avéré. C’est particulièrement le cas pour l’obésité et le diabète (type 2) dont le développement est préoccupant et coûteux pour la collectivité (20 milliards d’euros).
Or l’alimentation est aujourd’hui le parent pauvre de l’éducation. Dans la construction de l’individu, apprendre à s’alimenter n’est-il pas aussi important qu’apprendre à compter, à lire, ou à écrire ? L’éducation alimentaire doit avoir toute sa place à l’école. Ce n’est encore que partiellement le cas et, surtout, de manière trop hétérogène : ni partout, ni pour tous ! Faute d’une réelle ritualisation (que permettrait l’inscription dans les programmes), il existe une inégalité dans l’accès à l’éducation alimentaire. Sans compter que cette (in)organisation ouvre autant de « portes » aux influences externes !
Il est donc important d’agir pour atteindre réellement l’objectif ultime : un droit à l’éducation à l’alimentation pour tous les enfants.
Ce parcours éducatif devrait reposer sur quatre piliers, couvrant l’ensemble de la chaîne alimentaire (de la fourche à la fourchette, donc), et s’étaler sur les périodes école et collège, en s’appuyant fortement sur la pratique :
- Apprendre à cultiver (pour se reconnecter aux produits agricoles de base) ;
- Apprendre à choisir (découvrir toutes les catégories d’aliments, ses besoins et comprendre les interactions entre santé et alimentation) ;
- Apprendre à goûter (reconnaître les différentes saveurs, odeurs, textures, inciter à associer les mets, découvrir le plaisir de manger & les cultures alimentaires, la dimension psychoaffective et sociale de l’alimentation) ;
- Apprendre à cuisiner (savoir-faire des recettes simples pour les repas de tous les jours et des menus équilibrés de type flexitarien bon pour notre planète).
Il faudrait rapidement travailler avec l’Éducation nationale pour organiser cet apprentissage, sur les temps scolaires, avec des prolongements possibles sur le périscolaire, en faisant en sorte qu’il soit possible à chaque enfant de faire pousser des produits de la terre et de cuisiner plusieurs fois dans l’année pour apprendre les recettes de base de notre alimentation (soupe, vinaigrette, purée…).
C’est le ministère de la Santé qui pourrait dégager une enveloppe financière nécessaire à cet apprentissage, partant du fait que cette prévention réduira fortement l’occurrence de maladies coûteuses pour la collectivité, comme cela a été le cas au Japon et en Finlande, qui ont instauré cette éducation à l’alimentation.
Si vous partagez cette conviction, engagez vous et signez le manifeste POUR UNE ÉDUCATION À L’ALIMENTATION PARTOUT, POUR TOUS et participez au débat citoyen organisé par l’Open Agrifood, au Salon International de l’Alimentation le 28 février à 18h (Hall 4) !
Nous devons ce droit à l’éducation à l’alimentation à nos enfants et il est urgent de le leur offrir ! Pour maintenant passer à l’action, nous avons besoin de votre aide et de votre impulsion !