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À chaque époque sa lubie et ses injonctions à manger tel aliment ou au contraire à s’en méfier !
Et puis, comme notre époque ne fait pas franchement dans la dentelle, la vision est toujours fortement extrémiste. On a souvent l’impression que nous devons faire des choix toujours excessifs (à travers l’injonction à se positionner « pour » ou « contre », notamment), le tout sous couvert d’une émotion qui devient la nouvelle tyrannie des temps modernes !
La tyrannie de l’émotion
Alors, entre cette cacophonie ambiante et la montée, en parallèle, de la radicalité alimentaire et si la solution était tout simplement dans le retour à l’équilibre ?
Dans le mouvement qui porte le pendule tantôt à droite et tantôt à gauche, il ne faut pas oublier que l’énergie la plus constante est celle qui le ramène au milieu. Georges Burdeau (Professeur de droit et sciences politiques)
Deux filières agro-alimentaires semblent bien l’avoir compris. Il s’agit de celles de la viande et du sucre, qui ont en commun le fait d’être aujourd’hui fortement attaquées.
Prenons tout d’abord le cas de la filière viande et de son syndicat professionnel Interbev.
Elle doit en effet faire face au développement structurel de la demande en protéines végétales au détriment des protéines animales mais aussi aux actions de communication quotidiennes des défenseurs du bien-être animal ainsi que des activistes vegan. S’ils restent ultra minoritaires, leur influence sur l’opinion publique est bien réelle, comme en témoigne la baisse structurelle de la consommation de viande, que ce soit pour des raisons de préoccupation du bien être animal, de santé, d’écologie ou encore plus basiquement d’économie. On parle alors de montée du flexitarisme pour décrire (entre autres) la tendance à réduire sa consommation de protéines animales.
Contre toute attente, cette la filière réussit pourtant à surfer très habilement sur cette menace en en faisant même un argument de communication.
Consommer moins mais mieux
L’interprofession signe en effet une campagne intitulée « Naturellement flexitariens » où la filière prône non pas la quantité (ça tombe bien car de toute façon la tendance est à la baisse) mais la qualité (le positionnement de la filière française).
Second exemple avec la collective du sucre (et de son syndicat professionnel Cultures Sucre ex-CEDUS) dont la communication est simple : pour consommer mieux, il faut consommer moins ! Alors, fini les pubs comme en 1985, avec la mise en scène fanfaronnante du sucre tout puissant ou des slogans qui ne seraient plus du tout crédibles aujourd’hui, comme celui de 1997 avec « avec le sucre, vous êtes dans le vrai ».
Ne cherchant pas à éluder le problème de la surconsommation de sucre, le syndicat l’aborde désormais de façon frontale avec une posture qui se veut responsable.
Oui le sucre est à la fois un ingrédient nécessaire à l’apport d’énergie et, bien entendu, une source indéniable de plaisir, mais sa consommation doit être maîtrisée. Le syndicat pointe en particulier les pratiques de grignotage fréquent mais aussi la présence incongrue du sucre dans certains aliments comme les produits salés.
Alors, bien entendu, les détracteurs y verront (et certainement à juste titre) une belle action de lobbying, c’est certain. Mais on peut y voir aussi clairement une évolution dans la posture de communication de l’agro-alimentaire.
La crédibilité passe par un changement de posture
Pour faire évoluer durablement le comportement du consommateur, la stratégie consistant à créer de l’anxiogène et à le culpabiliser a certainement atteint aujourd’hui une certaine limite. Après une phase d’excès dans les recommandations négatives (plébiscitant parfois des alternatives pouvant se démontrer pires), on redécouvre la vertu simple de la notion d’équilibre, c’est-à-dire manger de tout mais sans excès…
Et vous, que pensez-vous de ces initiatives ?