Pourtant deuxième source de préoccupation des Français (OBSOCO 2021), la qualité de l’alimentation est absente ou presque des débats présidentiels *. Lorsqu’ils abordent ce sujet crucial à bien des égards (santé, pouvoir d’achat, climat, souveraineté alimentaire…), les candidats peinent à s’extirper de la polémique.
Prenez une touche de « bon vin » et de « bonne viande », ajoutez une pincée de pesticides et vous marquerez les esprits.
Face à cette recette séduisante mais incomplète, StripFood prend le temps de se pencher sur chaque programme afin de donner à voir ce qui caractérise vraiment la pensée des candidats dans ce domaine. Derrière ce thème qui cimente historiquement notre culture, les divergences se révèlent nombreuses.
Leurs positionnements respectifs ont été analysés à travers le prisme de quatre enjeux alimentaires majeurs identifiés par la rédaction :
- Comment tendre vers une alimentation qualitative et durable ?
- Comment la rendre accessible financièrement au plus grand nombre ?
- Comment mieux éduquer les nouvelles générations mais aussi mieux éclairer le consommateur en ce sens ?
- Comment améliorer la compétitivité et la souveraineté alimentaire du pays ?
Objectif : permettre aux lecteurs de cerner plus facilement le profil, les lignes de force mais aussi les failles potentielles des idées présentées par les candidats sur un thème qui aurait le potentiel de nous réconcilier avec la politique.
Par Louis Jeudi avec Stéphane Brunerie
*données et infographies réalisées en partenariat avec Digimind et basées sur l’écoute des thèmes agriculture et alimentation entre le 1er octobre 2021 et le 28 février 2022.
En synthèse :
Il existe un clivage entre les tenants d’une évolution plus ou moins rapide vers l’agriculture biologique et ceux qui évoquent d’autres stratégies. Une consensus se dégage en revanche sur la nécessité de circuits d’approvisionnement plus courts.
La souveraineté alimentaire met tout le monde d’accord. Certains candidats l’inscrivent plutôt dans un cadre européen quand d’autres réfléchissent davantage à l’échelon national ou local. En revanche, la notion de compétitivité de notre modèle est beaucoup moins abordée.
Une nécessaire souveraineté globalement associée à la planification plus ou moins prononcée d’une transition agricole créatrice d’emplois et protectrice du tissu agricole qui domine assez nettement les orientations plus libérales au sein des programmes.
Concernant les moyens d’atteindre leurs objectifs, un clivage important se dessine entre les candidats tenants de la concertation et ceux qui veulent agir plus ou moins rapidement en invoquant l’urgence environnementale.
Des propositions concernant la restauration collective ou l’idée de sécurité sociale de l’alimentation émergent pour lutter contre la précarité alimentaire. Un enjeu de taille quand on sait que près de 1 français sur 10 a bénéficié de l’aide alimentaire en 2020 (Secours Catholique).
A droite comme à gauche, le rétablissement du rapport de force entre les agriculteurs et la grande distribution émerge.
De nombreux candidats en appellent aux labels pour mieux informer les consommateurs. Mais entre le patrie-score, le nutriscore ou encore le CO2 score, les avis divergent sur les informations à délivrer en priorité. Enfin, la majorité des candidats élude ou ne creuse pas vraiment la question stratégique de l’éducation à l’alimentation.
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Nourrir et faire du profit, deux logiques incompatibles
Nathalie Arthaud considère qu’à l’image de la société en général, le monde agricole souffre de la mainmise des « capitalistes de la terre ». Elle juge toute logique de profit incompatible avec un domaine aussi important que l’alimentation. Seule une révolution communiste serait à même de permettre à tous de mieux manger.
« Lutter contre l’élevage intensif et la spéculation agricole »
La candidate communiste révolutionnaire entend remettre en cause la domination des « capitalistes du monde agricole » qui « imposent leur loi aux petits producteurs ». Elle lutterait contre la spéculation agricole.
Il convient selon elle de ne pas culpabiliser les agriculteurs, victimes des « trusts comme Bayer et Monsanto » poussant à la consommation d’engrais et d’étudier de façon précise les effets de ces substances.
La lutte contre l’élevage intensif, conséquence de la « course au profit » qui touche la production alimentaire, est une priorité de Nathalie Arthaud.
Pas de proposition au sein du programme.
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Pour la fin de l’alimentation industrielle
Philippe Poutou considère qu’à l’image de la société en général, le monde agricole ne peut être capitaliste. Il juge toute logique de profit incompatible avec un domaine aussi important que l’alimentation.
« Rompre avec la production agricole intensive, interdire les intrants et mettre fin à l’élevage industriel »
Le candidat du Nouveau parti anticapitaliste souhaite rompre avec la production agricole intensive, interdire les intrants et valoriser les circuits courts. Il aspire à réorienter les aides vers les paysans « vertueux » d’un point de vue environnemental, encourager les semences paysannes et annuler les brevets sur les semences.
Philippe Poutou réformerait la Safer (qui aide les candidats à l’installation en milieu rural) dans le sens d’une interdiction de la « spéculation » foncière et réorienterait la recherche publique vers les solutions pour se passer de chimie dans l’agriculture.
Il mettrait fin à l’élevage industriel, réduirait l’irrigation en grandes cultures, interdirait les cultures sous serres chauffées et les PGM (plantes génétiquement modifiées).
Le communiste révolutionnaire se dit favorable à la proportionnelle intégrale dans toutes les élections syndicales.
Pas de proposition au sein du programme.
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Manger sain et à sa faim, un droit fondamental
L’amélioration des conditions de vie et de rémunération des agriculteurs et la reconstitution d’un tissu maillé d’exploitations de taille raisonnable est la priorité de Fabien Roussel, qui entend peser sur les orientations européennes pour aller dans ce sens et sortir des accords internationaux contraires à cette logique au niveau mondial.
« Stopper la participation de la France aux accords néfastes »
Fabien Roussel entend valoriser prioritairement les pratiques agricoles les plus respectueuses de l’environnement dans les fonds dédiés à l’installation des jeunes agriculteurs.
Il souhaite soutenir le développement d’une « algoculture* écologique » à des fins alimentaires.
Dans son programme figure l’arrêt de la participation de la France aux accords économiques néfastes pour les pays du Sud au profit de traités valorisant la maîtrise des échanges au service des « biens communs » et de la sécurité alimentaire.
*culture en masse des algues
« Financer un repas quotidien à 1 euro »
Fabien Roussel vise la création d’un fond alimentaire national de dix milliards d’euros afin de financer un repas quotidien réalisé à partir de produits bio et locaux vendu au prix d’un euro maximum.
Pas de proposition au sein du programme.
« Subventionner en priorité les fermes plus respectueuses de l’environnement »
Le candidat communiste entend peser en faveur d’une nouvelle politique agricole commune (PAC) européenne orientant en priorité ses subventions vers les exploitations de 60 hectares et plus respectueuses de l’environnement.
La pêche artisanale « respectant les ressources » et « assurant une meilleure rémunération » du travail bénéficierait d’un soutien appuyé.
Les produits importés ne respectant pas les normes imposées aux agriculteurs français seraient « lourdement taxés ».
Une « loi d’orientation et de programmation agricole » incluant une « conférence annuelle réunissant producteurs, gouvernement et centrales d’achat » serait soumise au vote du Parlement. Objectif : stopper l’inflation des denrées alimentaires et « créer les conditions » d’une « transition agro-écologique ».
Les retraites agricoles seraient mises au niveau du régime commun et un régime public d’assurance contre les aléas climatiques et sanitaires créé.
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Bifurcation écologique et protectionnisme alimentaire
Le programme L’Avenir en commun propose un basculement vers une agriculture moins consommatrice d’intrants et créatrice d’emplois en usant d’un protectionnisme servant les intérêts des producteurs engagés en ce sens. Côté consommateur, l’accès de tous à une alimentation de qualité constitue une priorité.
« Soutenir les agriculteurs par des prix planchers »
Le développement de circuits courts pour réduire les flux et emballages est l’objectif de Jean-Luc Mélenchon, qui veut aussi planifier la réduction progressive des engrais et pesticides et interdire « immédiatement » glyphosate et néonicotinoïdes.
Les pesticides seraient bannis des zones habitées et une lutte engagée contre l’artificialisation des sols et la réduction des surfaces agricoles utiles.
Le « refus » des OGM est inscrit dans le programme L’Avenir en commun, comme « l’interdiction » des « pratiques cruelles » d’élevage.
Des « prix planchers » soutiendraient le revenu des agriculteurs, tout comme l’interdiction de la vente à perte. Une « caisse de défaisance » reprendrait la dette des convertis au bio.
L’interdiction des plastiques à usage unique et la remise en place de la consigne pour bocaux en verre est prévue.
« Pour une sécurité sociale de l’alimentation »
Jean-Luc Mélenchon compte utiliser le plan national santé environnement (PNSE) pour « éradiquer les maladies chroniques liées à la malbouffe », interdire les additifs « les plus controversés », garantir l’accès à cinq fruits et les légumes à prix bloqués, fixer des taux maximum de sel, de sucre et d’acides gras saturés dans les produits transformés.
Il encadrerait les prix alimentaires et limiterait les marges de la grande distribution et expérimenterait une « sécurité sociale de l’alimentation ».
« Education alimentaire à la nutrition de la maternelle au collège »
Jean-Luc Mélenchon souhaite augmenter les moyens des lycées agricoles publics et introduirait une heure hebdomadaire d’éducation à la nutrition de la maternelle au collège.
Il rendrait le nutriscore obligatoire et interdirait la publicité alimentaire à destination des enfants et adolescents « sur tous les supports ».
« Mettre fin aux accords commerciaux affectant climat et biodiversité »
Portée par un ministère de la Production alimentaire, une réforme agraire encouragerait l’installation d’agriculteurs dans des « exploitations à taille humaine » et viserait la création de 300 000 emplois agricoles.
La PAC serait remise en question et les aides publiques orientées vers une production « écologiquement soutenable » et pourvoyeuse de main d’œuvre.
Il serait mis fin aux accords commerciaux affectant climat et biodiversité et un « protectionnisme écologique » soutiendrait les agriculteurs engagés dans leur préservation.
Jean-Luc Mélenchon entend « renforcer » les moyens de l’INRA (Institut national de la recherche agronomique).
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Une action guidée par la question de la justice climatique
Anne Hidalgo est acquise à l’idée d’une transition alimentaire radicale vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement et meilleures pour la santé des individus mais n’entend pas pour autant renverser la table pour y parvenir. Outre l’interdiction des publicités visant les enfants et de l’utilisation de deux intrants (glyphosate et néonicotinoïdes) dans les 100 premiers jours de son quinquennat, la socialiste affiche une volonté de négociation avec le monde politique et les acteurs de l’alimentaire pour y parvenir.
« 30% de surface agricole en bio d’ici 2030 »
L’actuelle maire de Paris souhaite mener un politique de transition du tissu agricole français vers l’agriculture biologique et atteindre les 30% de surface agricole en bio d’ici 2030. Dans ce domaine, l’agroécologie* a les faveurs de la candidate socialiste.
Pour atteindre cet objectif, Anne Hidalgo entend tripler les moyens de formation agricole à l’issue de son mandat et apporter un soutien financier aux petites et moyennes exploitations plus susceptibles de pratiquer ce type d’agriculture.
Afin d’améliorer la qualité nutritionnelle des produits alimentaires, des « contrats » seraient mise en œuvre, filière par filière, afin réduire sel, gras et sucre dans les aliments.
*prise en compte globale des écosystèmes dans la pratique agricole (lutte contre l’érosion par le reboisement, optimisation de l’usage de l’eau, compostage etc.)
« Généraliser la tarification sociale en restauration collective »
La maire de Paris veut généraliser la tarification sociale dans la restauration collective, c’est à dire utiliser les deniers publics pour financer une partie des repas des plus modestes. Des « chèques alimentation durable » visant à soutenir l’accès des plus pauvres à des produits plus qualitatifs seraient expérimentés.
« Clarifier les labels et étiquetage »
Clarifier les labels et étiquetages pour « donner aux citoyens le pouvoir de peser sur l’économie agricole et alimentaire », interdire la publicité à destination des enfants sur les produits alimentaires « néfastes » pour la santé, lancer un plan de prévention et de prise en charge des maladies chroniques et impliquer les associations d’aide alimentaire dans sa politique sont les objectifs fixés par la socialiste pour orienter le consommateur vers une alimentation plus saine.
« Lancer un plan décennal de renouvellement des agriculteurs »
Des « accords tripartites » entre producteurs, transformateurs et producteurs seraient mis sur la table pour « soutenir les revenus » des agriculteurs.
Anne Hidalgo entend préserver le foncier agricole et lancer un plan décennal de renouvellement des générations d’agriculteurs en proposant une loi dédiée au Parlement.
Avec l’agroécologie, la maire de Paris mise sur une amélioration de la qualité de la production alimentaire et une augmentation des revenus des agriculteurs, notamment par la baisse des dépenses en intrants.
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Vers un changement alimentaire et sociétal
Le programme de Yannick Jadot est marqué par un interventionnisme fort de l’État pour réorienter les pratiques de production et de consommation alimentaire dans le sens d’une préservation maximale de l’environnement, en parallèle d’une éducation massive des plus jeunes à l’alimentation.
« Atteindre le cap d’une agriculture 100% bio d’ici 2050 »
L’écologiste fixe le cap d’une agriculture française 100% biologique d’ici 2050 en misant sur l’agroécologie*. Il compte pourvoir au développement de « 2 à 3 millions de micro-fermes en permaculture** » et instaurer une dégressivité des aides pour les grandes exploitations.
La baisse de productivité induite par l’agriculture biologique serait compensée par la diminution du gaspillage alimentaire et par une limitation des productions si nécessaire.
Le bien-être animal, y compris celui de la faune sauvage, serait une priorité matérialisée par la création d’un secrétariat d’Etat dédié.
Le financement d’une recherche agronomique dédiée aux techniques sans produits toxiques fera figure de priorité en parallèle d’une surveillance accrue de l’usage d’intrants.
Les chambres d’agriculture seraient restructurées dans le sens de la préservation de la biodiversité, de la compréhension des sols des « bonnes pratiques environnementales » évoquées plus haut.
*prise en compte globale des écosystèmes dans la pratique agricole (lutte contre l’érosion par le reboisement, optimisation de l’usage de l’eau, compostage etc.)
**mode d’agriculture consistant à imiter le fonctionnement des écosystèmes naturels
« Expérimenter une « sécurité sociale de l’alimentation » via une « carte vitale de l’alimentation »
Yannick Jadot veut expérimenter une « sécurité sociale de l’alimentation » matérialisée par une « carte vitale de l’alimentation » et permettant d’accéder à des produits de qualité dans les territoires volontaires.
Son programme prévoit d’allouer des financements au développement des initiatives locales favorisant les relations directes entre paysans et consommateurs.
L’alternative végétarienne deviendrait obligatoire dans les cantines avec un objectif de 100% de produits bio et/ou locaux. Les régies publiques fragilisées par cette nouvelle exigence obtiendraient le soutien financier de l’État.
« Enseignement pratique de cuisine et de jardinage au collège »
L’interdiction des publicités pour l’alcool et les produits ultra-transformés, création d’un « CO2-score » et d’un label « Bien-être animal » sont prévus par le candidat EELV.
À l’école et en particulier au collège, Yannick Jadot entend mettre en place des « modules d’enseignement pratique » incluant notamment la cuisine et le jardinage et soutenir « massivement » les projets pédagogiques permettant aux élèves de découvrir le monde agricole autour d’eux. En ce sens, il prévoit également la création de « fermes municipales et pédagogiques ».
« Mettre en place un revenu de base paysan lié au respect des règles environnementales »
Yannick Jadot promet des « dispositifs efficaces de régulation des marchés » pour stabiliser les prix.
Les races d’animaux et variétés de graines relèveraient du bien commun, offrant une autonomie en la matière aux agriculteurs.
Il aspire à un revenu de base paysan en partie lié au « respect des règles environnementales » et à des contrats pluriannuels incluant un prix minimum de vente régissant les relations entre les distributeurs et les filières agricoles.
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Souveraineté alimentaire et adaptation de la stratégie de la Ferme à la table
« Pour une troisième révolution agricole : robotique, génétique et numérique »
Investir massivement sur l’innovation est la priorité du candidat Macron. La « troisième révolution agricole » doit s’appuyer sur le numérique, l’agro-robotique, le biocontrôle ou encore la sélection variétale et les nouvelles biotechnologies.
« Mise en place d’un chèque alimentaire »
Mise en place d’un chèque alimentaire qui doit servir à « aider les plus précaires à mieux se nourrir » en accédant à une alimentation plus saine, plus locale. Il pourrait donner la possibilité d’acheter des produits bios, ou qui portent des labels de qualité, mais aussi les produits issus de circuits courts. Mais tout reste à définir depuis sa déclaration datant du 7 mars.
L’école sera l’un des chantiers majeurs de son quinquennat s’il est réélu, a-t-il indiqué. Emmanuel Macron souhaite mettre en place une « nouvelle méthode » pour l’école. Nouvelle méthode qui passera par une remise à plat générale du système, à travers « une large concertation pour discuter de la meilleure manière d’atteinte des objectifs (…) en mettant toutes les parties prenantes autour de la table ». En revanche, à ce stade, aucun engagement sur le thème de l’éducation alimentaire.
« Défendre l’indépendance agricole »
La vision politique d’Emmanuel Macron est la défense de la souveraineté alimentaire.
Face au constat que beaucoup d’exploitants arrivent en retraite, le candidat Macron souhaite favoriser l’installation et l’accompagnement de jeunes agriculteurs. Il déclare également vouloir revoir la stratégie agricole européenne «De la ferme à la fourchette», qui prévoit une diminution de la production agricole. Cette stratégie «prévoyait un monde d’avant-guerre, mais dans aucun cas l’Europe ne peut se permettre de produire moins», estime Emmanuel Macron.
Côté compétitivité, Emmanuel Macron en appel à l’arrêt de toute transposition des règles européennes.
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Défendre la compétitivité de notre modèle agricole et agroalimentaire
La candidate LR souhaite réduire les normes et les taxes pesant sur les agriculteurs tout en les protégeant de la concurrence en taxant les produits qui viennent de loin. Elle mise sur l’autonomie du tissu agricole plutôt que sur une régulation du partage des revenus entre producteurs et distributeurs et croit en la technologie plutôt qu’à l’évolution vers d’autres modes de culture pour améliorer la qualité des produits et réduire l’empreinte environnementale de l’agriculture.
« Défendre la compétitivité de notre modèle agricole et agroalimentaire »
Pour Valérie Pécresse, la transition alimentaire doit s’appuyer sur l’innovation et les technologies afin de se passer d’intrants et d’atteindre une agriculture sans conséquences sur le réchauffement climatique d’ici 2050. D’un point de vue environnemental, l’ex-ministre de l’Enseignement fait de l’optimisation de l’usage de l’eau une priorité.
« Créer un grand plan pauvreté »
Valérie Pécresse évoque la nécessité de « sécurité alimentaire » des plus défavorisés et un potentiel « grand plan pauvreté » pour y parvenir.
« Promouvoir l’agriculture au sein des collèges »
Valérie Pécresse souhaite créer un « label du produit en France » pour valoriser les produits de proximité, en particulier dans la commande publique. Elle soutient également le flexitarisme, régime valorisant une alimentation globalement végétale et une consommation de viande occasionnelle.
La candidate entend également promouvoir l’agriculture au sein des collèges via les régions et en lien avec « les milieux économiques » pour créer plus de vocations dans ce domaine.
« Réduire les normes et délais administratifs »
La candidate de droite prévoit des mesures pour renforcer le tissu agricole en « réduisant les normes et délais administratifs » et les « taxes » sur le foncier, en facilitant les reprises d’exploitation et en allégeant les cotisations des agriculteurs sur l’emploi saisonnier et l’apprentissage. Les pensions des conjoints collaborateurs seraient également revalorisées.
La candidate LR entend freiner par des taxes la concurrence de systèmes agricoles moins écologiques (taxe carbone) au niveau européen et valoriser les produits de proximité dans les clauses des marchés publics et privés pour réduire la logistique et sa dimension énergivore.
Elle souhaite mettre davantage l’accent sur le développement d’outils de transformation au sein même des exploitations (en impliquant les maires) que sur la lutte pour un partage équitable des marges au sein de la filière alimentaire.
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Prioriser la sécurité alimentaire sur les prix
Nicolas Dupont-Aignan mêle volonté pragmatique de transition agricole vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement et souverainisme résolu en matière d’alimentation. La protection économique et sociale des agriculteurs est la clé de voûte de son programme alimentaire.
« Revaloriser de 30% la prime à la conversion au bio »
Nicolas Dupont-Aignan souhaite centraliser les travaux des pôles de recherche agricole pour plus d’efficacité et favoriser la « continuité entre l’école et la ferme ».
La prime de conversion à l’agriculture bio serait revalorisée de 30%.
Un arsenal de mesures comme la restructuration de la dette des agriculteurs via un fonds dédié est prévu pour soutenir économiquement le secteur.
Le candidat entend interdire les OGM sans pour autant « s’opposer systématiquement aux avancées de la science ».
Il plébiscite la lutte contre l’érosion via l’agroforesterie (association d’arbres, d’élevage et de culture sur une même parcelle) et la réhabilitation des haies et des zones humides.
L’ex-maire de Yerres appuierait la création d’une « délégation interministérielle pour la Dignité animale » et rendrait obligatoire la vidéosurveillance dans les abattoirs pour lutter contre la maltraitance animale.
« Favoriser l’accès aux produits locaux »
Le candidat souverainiste souhaite faciliter l’accès des consommateurs urbains à des produits issus de leur région ou département.
« Création d’un label « Fait en France » »
Il vise la création d’un label unique « Fait en France – Nom du département » soutenant une agriculture « à la fois moderne et respectueuse du sol et de la terre ».
Biologie et sciences naturelles seraient remises « au cœur de l’enseignement » en même temps qu’un encouragement à la création de fermes pédagogiques et un renforcement des campagnes d’information soutenant la consommation de fruits et légumes de saisons produits en France.
« Freiner les produits bio étrangers »
Nicolas Dupont-Aignan veut renforcer la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes), freiner les produits bio étrangers soumis à des normes moins exigeantes et réguler davantage la vente des terres agricoles à des puissances étrangères.
Il entend militer pour une PAC plus exigeante et plus protectrice pour les agriculteurs ou bien mettre en œuvre une « politique agricole nationale » si nécessaire.
Le président de Debout la France pèserait en faveur d’une exception agricole mondiale au niveau de l’OMC (organisation mondiale du commerce) afin de prioriser la sécurité alimentaire sur les prix et entend « muscler la filière du matériel agricole français ».
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Pour une préférence alimentaire française
Sans pour autant sortir de la mondialisation alimentaire, Marine Le Pen entend globalement faire en sorte que les produits d’origine française soient privilégiés. Au sein des filières alimentaires, elle appuie en faveur d’une meilleure répartition de la valeur entre production et distribution.
« Rééquilibrer la valeur entre agriculteurs et distributeurs »
La candidate du Rassemblement National souhaite œuvrer à l’amélioration de la rémunération du travail des agriculteurs et contraindre les distributeurs à réduire leurs marges.
Elle mettrait en place un « plan abattoirs » pour « assurer des conditions dignes » aux animaux d’élevage en imposant l’étourdissement au moment de l’abattage.
Pas de proposition au sein du programme.
« Généraliser l’étiquetage sur l’origine et la qualité des produits »
La généralisation de l’étiquetage sur l’origine et la qualité des produits alimentaires pour orienter le consommateur fait partie de ses objectifs.
« 80% de produits agricoles dans les cantines »
Marine Le Pen ambitionne de contraindre les cantines à utiliser 80% de produits agricoles français et souhaite interdire les « produits agricoles ne respectant pas les normes de production française ».
Une lutte contre la concurrence déloyale et la revue des accords de libre-échange « qui ne respectent pas les intérêts de la France » serait menée.
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Souverainisme alimentaire et patrie-score
À l’image de Valérie Pécresse, Éric Zemmour croit en la robotisation pour réduire l’empreinte environnementale de l’agriculture. Dans le même temps, il milite pour une souveraineté agricole franco-européenne et entend réguler les méthodes d’achat des distributeurs au niveau national.
« Privilégier la robotique pour limiter les pesticides »
Pour soutenir le tissu agricole, le candidat d’extrême-droite propose la fin des droits de succession pour la transmission d’entreprises familiales et d’encourager les installations, notamment en bio.
Une augmentation de la Dotation Jeunes Agriculteurs est prévue ainsi qu’une simplification des procédures d’achat de foncier et d’installation.
La robotique serait privilégiée pour limiter le recours aux pesticides. Elle est aussi invoquée comme un moyen de « réduire la dépendance à la main d’œuvre étrangère ».
Il mettrait fin aux regroupements de plusieurs enseignes de grande distribution dans les mêmes centrales d’achat.
« Plus de produits locaux en restauration collective »
Il entend valoriser les circuits courts dans la restauration collective en y augmentant la présence de produits locaux.
« Création d’un patrie-score » »
Éric Zemmour mettrait l’accent sur la promotion de la production agricole française auprès du consommateur en mettant en place un « Patrie-score ».
« Privilégier les produits français dans le public »
Obliger la commande publique à privilégier les produits français, interdire l’importation de produits non conformes aux standards nationaux de qualité et de sécurité alimentaire et mettre fin à la participation de la France à tout traité de libre-échange sont les solutions envisagées par Eric Zemmour.
Au niveau européen, l’ex-éditorialiste du Figaro souhaite supprimer les doublons avec les normes françaises et peser en faveur d’une taxe carbone.
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Pour une agriculture paysane et souveraine
Jean Lassalle porte une vision artisanale et locale de l’alimentation reposant sur un tissu agricole revivifié par de puissantes coopératives d’agriculteurs plus indépendantes vis-à-vis des transformateurs, des traités européens et du marché international. En ce sens, la renouement de la population avec les réalités rurales serait une priorité de son quinquennat.
« La campagne, grande cause nationale »
Le chef de fil du mouvement Résistons souhaite réorienter les aides de la PAC en priorité vers « les paysans qui respectent leur terre, leurs bêtes » afin de lutter contre la « spéculation foncière ».
Les campagnes seraient une grande cause nationale et se verraient affecter 3 milliards d’euros par an en plus de la suppression des taxes sur l’héritage agricole. Un rapatriement des outils de transformation « au plus près des territoires de production » est prévu.
La Safer, organisme public qui aide les porteurs de projets à s’installer en milieu rural, aurait davantage de poids pour préempter les exploitations et les agriculteurs reprendraient la main sur les coopératives.
Le député juge « incompatible » la cohabitation entre les troupeaux et les prédateurs tels que l’ours ou le loup.
« Création d’un « ticket paysan » »
Un ticket paysan » visant à « soutenir les circuits courts, sur le modèle des tickets-restaurants, en faveur des agriculteurs locaux et régionaux » est envisagé.
Dans le même esprit, des projets alimentaires territoriaux soutiendraient les circuits courts et les produits locaux dans les cantines.
« Muscler les AOP »
Jean Lassalle développerait des enseignements au collège et au lycée permettant de « découvrir des matières concrètes et artisanales » dont la cuisine.
Il propose de conditionner l’obtention de « signes de qualité » comme les AOC et les AOP au « bien-être des paysans, aux qualités gustatives ainsi qu’aux bienfaits pour la santé des consommateurs ».
« Interrompre la négociation d’accords internationaux »
Jean Lassalle ambitionne de reprendre du pouvoir de décision par raport à la PAC, d’interrompre la négociation d’accords internationaux et de mettre fin à toute représentation de la France par l’Union européenne dans le cadre des investissements internationaux.
L’agriculture ferait partie des secteurs dits « clés » de l’économie et pourrait faire l’objet d’un soutien spécifique de la BPI (Banque Publique d’Investissement) voire de « re-nationalisations ».