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Fin décembre 2021, en plein épisode du Covid, après la décision du Premier ministre d’interdire la consommation de produits alimentaires et de boissons dans les cinémas, un tweet ne passe pas inaperçu. Une jeune femme, employée d’un cinéma, note en effet que cette décision va permettre d’empêcher certains spectateurs de littéralement saccager les salles.
Dans une tribune pour Charlie-Hebdo, Antonio Fischetti en profite même pour oser un « mort au pop-corn !
C’est quand même étrange, cette idée de lier la survie du cinéma à celle des sucreries. Si les exploitants de salle veulent faire du fric avec la bouffe, pourquoi n’ouvrent-ils pas un salon de thé, une crêperie, ou un kebab ? Avec cette logique, on pourrait tout aussi bien vendre des choucroutes à l’opéra que les spectateurs dégusteraient en faisant de grands slurp pendant La Reine de la Nuit. La Comédie française pourrait également vendre des pizzas à ceux qui ont peur de s’emmerder devant Le Bourgeois gentilhomme. Et au Louvre, pourquoi pas un stand de hot-dogs à savourer devant La Joconde ? Heureusement, ça ne se fait pas (du moins, pas encore).
Mais cette nouvelle avait pourtant de quoi inquiéter les exploitants. On sait qu’environ 1 spectateur français sur 2 achète à boire ou à manger lors de sa séance de cinéma. Et d’après une étude du CNC, la vente de confiserie et de boissons représenterait 16% du chiffre d’affaires des cinémas.
“On ne gagne que 30 % sur le prix de vente des tickets de cinéma. Le pop-corn, c’est le lot de consolation des exploitants. S’il n’y avait pas la confiserie, un tiers des cinémas en France fermeraient sans doute leurs portes”, avançait Rod Assous, patron du cinéma indépendant L’Élysée à Chantilly, au Parisien dans une enquête sur le popcorn, “machine à cash des cinémas”.
« Mieux manger au ciné » est une association qui milite pour bousculer l’offre de produits de snacking vendue dans les salles sombres. Déplorant une offre majoritairement composée de produits trop gras ou trop sucrés, elle entend bien promouvoir d’autres manières de manger via des offres plus saines.
Pour se voir récompensés, les produits gagnants devaient être avant tout “gourmands, bons pour la santé et bons pour la planète” mais aussi “sans ingrédients controversés”, “créatifs et anti-gaspi”. Ils devaient bien entendu être aussi adaptés à une consommation au cinéma.
Parmi le palmarès de ces nouvelles offres, le jury présidé par la cheffe Chloé Charles, ancienne de Top Chef, a élu :
- Prix Salé : les pop-corn au vinaigre de cidre et aux algues marines de Breizh
- Pop Prix Sucré : les billes soufflées enrobées de chocolats d’Elsy
- Prix à Boire : l’infusion glacée « detox » au cassis et jus de cassis de Bienfaits
- Prix Glacé : les glaces au malt du Verger Perdu
- Coup de cœur du jury : les biscuits antigaspi Kignon
- Prix Meilleur Espoir : les onigiris de Nanigiri
Pour ces jeunes marques, le cinéma (comme peut l’être également le TGV qui leur accorde un vrai espace) est une belle vitrine en terme de communication. Reste à voir maintenant le nombre de salles qui joueront véritablement le jeu pour réussir à concilier des attentes pas toujours convergentes !
Les recettes récompensées seront présentées lors des prochaines journées professionnelles de l’AFCAE (Association française des cinémas d’art et d’essai) puis proposées à tous les cinémas adhérents en septembre. En espérant que les exploitants soient davantage conquis que ceux des machines de distribution automatique qui ne laissent pas vraiment de chance à ces nouvelles offres alternatives.