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Dans le cadre du colloque du Cercle de l’OBSOCO qui s’est tenu le 26 novembre 2020, Philippe MOATI, le co-Président, questionne la distance entre le « monde d’après » et le « monde d’avant » en mettant en perspective l’évolution de nos comportements.
Un comportement est le résultat du compromis entre nos idéaux et nos contraintes. Il est par conséquent indispensable de rapprocher les deux pour éclairer le sujet.
La contrainte inédite majeure à laquelle nous avons été confrontés avec le confinement est la mobilité. Une fois cette contrainte levée, la société et la consommation post-covid sera t-elle vraiment différente ?
La crise accélère des tendances déjà latentes
- Renforcement de la défiance envers les grands acteurs politiques et économiques ;
- Développement du repli sur soi à toutes les échelles (souveraineté nationale, made in France, local, commerce de proximité, cocon familial, obsession pour sa santé et la recherche de bien-être) ;
- Montée de la responsabilité sociale et sociétale dans les choix de consommation ;
- Désir d’autreS choseS et même de changements radicaux ;
- Creusement des inégalités et de la fracture sociale.
Effets cliquets : de nouvelles habitudes ont été prises de façon irréversibles
- Intensification de la numérisation des modes de vie (E-commerce, streaming vidéo…) ;
- Diffusion des mobilités douces (marche, vélos…) via la montée des équipements et des installations urbaines ;
- Engouement pour le « faire soi-même » (dont le taux de pénétration atteint désormais 82%), qui malgré un recul réversible lié à la contrainte du temps, devrait continuer à s’installer, car véritable levier de plaisir déclaré par les consommateurs.
Des modifications durables du jeu des contraintes rendent le passage à l’acte plus facile
- Développement important des offres dans le E-commerce ;
- Institutionnalisation du télétravail pour 1/4 des actifs ;
- Evolution de la stratégie résidentielle : plus de 50% des Français aimeraient vivre « ailleurs » et sont de plus en plus nombreux à passer à l’acte ;
- Expériences propices à la réflexion : développement des démissions et des reconversions professionnelles (30% des actifs français ont le sentiment de faire un travail inutile et 53% rêvent d’une une reconversion) , progression des séparations conjugales accélérées également par la crise.
La crise sanitaire ne bouleverse pas profondément les aspirations des français… à priori !
Côté idéaux, l’observatoire des utopies OBSOCO / ADEME de juin 2019 (avant la crise) structurait la société en 3 grands blocs : l’utopie techno / libérale, l’utopie sécuritaire et l’utopie écologique.
Si le baromètre réalisé en juin 2020 (à la sortie du premier confinement) ne montre pas vraiment de véritables changements (visuel ci-dessus), il semblerait que les indicateurs à court terme montrent l’érosion de la sensibilité écologique. Le sentiment d’urgence climatique est ainsi partagé par 74% des français, soit 7 points de moins par rapport à 2019 (toujours selon l’OBSOCO).
Mais ces résultats demandent à être considérés de plus près par tranches d’âge comme l’illustre le graphique ci-dessous.
Dernière étude en date, un baromètre OBSOCO de novembre 2021 sur les sujets de préoccupations des Français, montre une très forte poussée de la santé mais aussi de la qualité de l’alimentation (lié à la santé) et de la sécurité des biens et des personnes. En revanche, la préoccupation environnementale recule.
Le retour de l’inflation, l’augmentation des dépenses contraintes (énergie, pétrole, logement,…) affectant prioritairement les ménages les plus défavorisés, ainsi que l’augmentation des prix sur certains produits symboliques du quotidien (baguette, pâtes alimentaires), devraient définitivement propulser la question du pouvoir d’achat devant les préoccupations écologiques selon Philippe MOATI.
Pour finir, le co-Président de l’OBSOCO interroge l’impact de la crise sur des dimensions plus culturelles :
- La crise va t-elle modifier la notion de bonheur en la distinguant de plus en plus du modèle de l’hyper consommation ? Certains signaux faibles tendraient à le prouver.
- La crise va t-elle accélérer les modèles économiques alternatifs comme l’économie circulaire ? L’accélération du développement du business de la seconde main ou encore de la location semblent en effet le démontrer plus nettement.