Temps de lecture : 2 min
J’avoue éprouver rarement de la nostalgie, sauf peut-être pour cette époque où les hommes politiques comme Jacques Chirac avaient encore du style. Oui, Jacques Chirac était un homme de goût.
Le goût de faire bombance
Jacques Chirac était un bon vivant. A 18 ans, stagiaire à France 3 Limousin, je suivais une équipe de journalistes partis enquêter sur la tête de veau en Chiraquie. Et ce jour-là, je me rappelle que nous avions fait beaucoup de kilomètres. « La Corrèze, c’est loin, mais c’est beau ! » aimait à répéter le président. Si sa passion pour cette fameuse recette de la tête de veau sauce gribiche relève davantage d’une légende, on sait que Jacques Chirac était un amateur de choucroute, de produits tripiers, de cuisine japonaise (mais pas de sushis !), de vacherin ou encore de pommes, devenu un slogan le temps d’une élection présidentielle en 1995. Jacques Chirac était connu pour son bon coup de fourchette et c’était certainement le plus gourmand de tous les présidents de la Ve République.
Le goût des punchlines
Jacques Chirac était également un homme de culture qui aimait les arts, la poésie et avait le goût des mots. On lui doit beaucoup d’expressions dont certaines, devenues cultes, faisaient la part belle à la bouffe : « J’apprécie plus le pain, le pâté, le saucisson, que les limitations de vitesse« , « Bien sûr que je suis de gauche ! Je mange de la choucroute, je bois de la bière« , « Je suis un mangeur de pommes« .
Mais Jacques Chirac avait aussi à son actif quelques phrases à l’humour pas vraiment diplomatique : « Vous ne pouvez pas vous fier à un peuple qui cuisine aussi mal que ça » (en parlant de la gastronomie britannique lors du sommet du G8 en 2005) ou encore « Ah la nourriture anglaise, au début on croit que c’est de la merde, et une fois dans la bouche, on regrette que ça n’en soit pas ! » (lors d’un sommet franco-britannique devant Tony Blair).
Le goût du terroir
Jacques Chirac avait le goût de la défense du terroir et de son agriculture. Très populaire auprès des agriculteurs, il consacrait beaucoup de son temps à arpenter les allées du Salon de l’Agriculture où il pouvait y rester plus de six heures. Il aimait y serrer les paluches tout autant que de tâter le « cul des vaches ». Ce pouvoir naturel d’attraction en faisait certainement un de nos hommes politiques les plus populaires de tous les temps. Il attirait autour de lui des gens très différents et savait fédérer.
Désormais symbole d’un certain art de vivre à la française (propulsé par le site FYJC), l’opinion publique conserve de lui une image populaire mais sans jamais passer du côté populiste. Président gourmand (voir glouton) et totalement épicurien, il savait parfaitement se nourrir de ce qui était en fin de comptes sa grande force : le goût des autres.
La photo de Jacques Chirac est issue de la Une du magazine Jésus. (que je remercie pour son utilisation et que vous recommande au passage) et son auteur est Christian Vioujard.