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Cette fois ça y est : deux entreprises, Good Meat (filiale de la société Eat Just spécialisée dans les œufs végétaux) et UPSIDE Foods ont reçu le feu vert pour commercialiser leur produit, du poulet cultivé, sur le marché américain comme anticipé dans cette précédente publication :
Elles ont en effet franchi les étapes de la vérification de la sécurité sanitaire par la FDA (équivalent de notre EFSA) et de l’inspection de leurs usines par l’USDA, Ministère de l’agriculture. Elles sont autorisées à utiliser l’expression « cell cultivated chicken » pour nommer leurs produits.
Cette annonce est une étape importante pour cette technologie dont je suis les développements depuis une dizaine d’année : si Singapour avait déjà autorisé le poulet de Good Meat fin 2020, les Etats-Unis représentent une autre échelle et d’autres pays pourraient s’en inspirer. Rappelons toutefois qu’aucune start-up n’a encore déposé de dossier Novel Foods à l’EFSA, nécessaire pour obtenir un feu vert en Europe.
Il s’agit d’un grand pas mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir : les produits ne seront d’abord proposés que dans quelques restaurants plutôt « haut de gamme » (celui de la chef étoilée Dominique Crenn à Washington pour UPSIDE, celui de José Andrés pour Good Meat). Comme à Singapour, il s’agira surtout de faire découvrir les « prototypes », quitte à le faire « à perte » car les coûts de production sont encore très élevés. Surtout, malgré la construction de nouvelles usines un peu partout dans le monde, le principal enjeu de la viande cultivée est de réussir à passer à l’échelle industrielle, ce qui représente de nombreux défis techniques. Le poulet de laboratoire et le steak (ou le filet de poisson) in vitro ne vont donc pas déferler dans les rayons des supermarchés du jour au lendemain. Mais les avancées scientifiques concernant l’optimisation du milieu de culture, les lignées cellulaires, l’échafaudage (nécessaire pour reproduire la texture de la viande), et les progrès techniques (notamment sur la capacité des bioréacteurs) se succèdent chaque jour ou presque… Ce secteur en changement perpétuel doit donc être surveillé de très près pour évaluer son potentiel de disruption dans les années à venir.
Céline LAISNEY claisney@alimavenir.com
Sur l’impact environnemental de la viande cultivée