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« S’il y avait un moyen de ne pas manger et de pouvoir travailler plus, je ne mangerais plus » aurait un jour lancé Elon Musk à un journaliste qui l’interrogeait sur ses pratiques alimentaires.
Une déclaration certes loufoque mais néanmoins révélatrice d’une tendance grandissante à l’échelle mondiale et déjà bien ancrée en France : celle d’expédier nos repas. Mais n’en déplaise au milliardaire visionnaire, manger est un plaisir de la vie. Et si nos modes de vies et nos nouvelles habitudes ne nous permettent pas de mettre à profit nos repas, c’est qu’il est temps de faire une pause et de remettre les rituels du repas au cœur de la table.
Le français aime manger, préparer son repas et surtout le partager.
Traditionnellement, s’il y a un pays où le repas est important, c’est bien le nôtre. Qu’on qualifie notre modèle alimentaire d’idéal ou d’insolite, le fait est que la France brille par sa structure alimentaire. Le quotidien des français est rythmé par trois repas traditionnels, pris à des heures fixes ou presque. Le repas est une activité ritualisée à laquelle les français se plient avec plaisir. Car le français, on le sait, aime manger, préparer son repas et surtout le partager. Grand champion du temps passé à table, avec plus de 2h20 (!!!) par jour en 2010, le repas est pour nous d’une importance capitale.
Aujourd’hui toutefois, la réalité est différente et les rituels du repas, que l’on pensait immuables, se trouvent de plus en plus négligés. Aux longs repas pris en famille se substituent à présent ceux pris de manière individuelle et devant l’écran d’ordinateur ou du smartphone. Mais si le fait de prendre son repas devant un film ou une série n’a en soi rien de nouveau (qui ne souvient pas du plateau TV du samedi soir ?), la multiplicité des écrans et des programmes rend aujourd’hui cette activité quasi systématique mais aussi profondément solitaire. Conséquence de quoi, le rituel du repas familial se perd. Mais l’écran n’est cependant pas le seul coupable de ce changement de nos habitudes. La méfiance de certains à l’égard de l’alimentation, les troubles alimentaires toujours plus croissants, ainsi que les injonctions incessantes au bien manger, parfois mal perçues, sont également responsables de ce détachement d’une partie de la population vis-à-vis des rituels de la table. Un chamboulement des habitudes qui n’est pas sans conséquence, notamment chez les plus jeunes enfants qui lorsqu’ils sont privés d’interactions vont avoir plus de mal à apprécier de nouveaux aliments et donc à diversifier leur alimentation.
Les nutritionnistes s’accordent à dire que manger seul peut être un atout où l’on prend le temps de cuisiner, de mastiquer, d’apprécier, de manger en pleine conscience.
Nos modes de vies à 100 à l’heure et la place prépondérante du travail dans notre société, nous poussent également à de plus en plus manger seul et souvent à expédier le repas. Manger en solitaire génère chez l’humain une sorte de honte vis-à-vis des autres. Or, les nutritionnistes s’accordent à dire que manger seul peut être un atout où l’on prend le temps de cuisiner, de mastiquer, d’apprécier, de manger en pleine conscience. Valorisons donc ce temps de pause en solitaire par la mise en place de rituels qui vont faire que le repas seul représentera moins une faute morale. Il sera ensuite possible de le mettre en commun plus tard avec ses proches, rendant ce moment moralement acceptable. En nutrition comme dans la vie, la solitude et le partage sont une nécessaire alternance.
Avec notre gastronomie inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO, ne serait-il pas dommage de passer à côté de notre statut de bon vivant ?
Heureusement, la tendance peut s’inverser facilement. Car tous ces ennemis du repas ont un point commun, ils nous coupent du plaisir de manger. Ils ramènent ce besoin organique à une activité anecdotique, secondaire sinon parfois à une corvée lorsque celle-ci relève de l’expérience sensorielle et épicurienne. Professionnels de santé et marques s’accordent ainsi sur un point : pour retrouver le plaisir de (mieux) manger, l’attention doit être portée sur l’assiette ; d’un côté, ce qui s’y trouve et de l’autre, tout ce qui se trouve autour d’elle. Pour le groupe Président, cela passe par des actions concrètes : prendre le temps de préparer son repas, s’accorder le temps de manger, ritualiser son repas que l’on soit seul ou ensemble, à la fois pour s’assurer de sa satiété, mais également pour retrouver les joies de la dégustation et le plaisir de manger. Rien d’insurmontable.
On le voit, les habitudes des Français ont changé. Il semble loin le temps des longs repas pris avec ses proches, mais des gestes simples peuvent suffire à démarrer la rééducation de certains adultes et des plus jeunes afin de les aider à retrouver le plaisir de l’expérience alimentaire. Avec notre gastronomie inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO, ne serait-il pas dommage de passer à côté de notre statut de bon vivant ?