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Posée sur Internet, la question « bien manger coûte-t-il vraiment plus cher ? » enflamme le débat de façon quasi instantanée. Est-ce une question de moyens, d’envie, de savoir-faire ?
Pour certains, ce ne serait pas nécessairement une question d’argent, mais plutôt de temps. Mais le temps n’est-il pas de l’argent ?
Bref, pas si simple, surtout quand on oublie de définir dès le départ ce qu’est exactement le « bien manger ».
J’ai décidé de dédier une série de contributions à ce sujet en croisant les regards d’experts confrontant ainsi, en deux questions et en deux minutes chrono, leurs visions afin d’affiner la nôtre.
Aujourd’hui, j’accueille Tiphaine Piriou.
StripFood : Qu’est-ce que bien manger ?
Tiphaine Piriou : « Bien Manger » pour moi est une prise de conscience de ce que « Manger » veut dire, et de ce que nos choix alimentaires peuvent avoir comme conséquences, à la fois sur notre santé mais aussi sur notre environnement, sur notre économie. C’est un état d’être qui peut parfois être très intime, dans le sens où il nous emmène vers notre origine, notre éducation au goût, notre rapport au plaisir des sens, à la gourmandise, à la commensalité. Alors forcément à cette question, je pense à notre histoire de l’alimentation, à Varenne, à Brillat-Savarin, à Carême, à Escoffier, à Balzac et tant d’autres encore !
Je suis Bretonne, d’un territoire entre Terre et Mer, attachée au produit de qualité, au produit vivant, à une chaine de valeur qui va du champ à ce que l’on sert dans son assiette. « Bien manger » pour moi est un engagement, une responsabilité quotidienne. Certes cela prend du temps, ça s’apprend, mais il est encore temps de tous s’y mettre, pour la santé des hommes et celle de notre planète.
SF : Est-ce que bien manger coûte forcément plus cher ?
TR : Je répondrai non cela ne coûte pas forcément plus cher. « Bien Manger » s’apprend. On peut se régaler avec une bonne sardine en boite, un velouté de potimarron, un plat de lentille dès lors que le produit est de qualité et que l’ensemble des acteurs de la chaine est rémunéré correctement. Il faut donc peut être poser la notion « d’argent» autrement.
Pour valoriser un savoir-faire, celui du producteur, du maraicher, de l’artisan, de l’agriculteur, de l’éleveur, du restaurateur, du cuisinier, de l’industriel, il faut mettre en œuvre un savoir-être. Le comportement du consommateur, son savoir être dans son acte d’achat, dans son acte de consommer contribue à valoriser un écosystème entier. Se nourrir est une nécessité mais c’est aussi un acte citoyen. Le consom’Acteur paiera le prix juste s’il sait que ceux qui ont contribué à faire en sorte qu’il puisse bien manger, avec de bons produits, qui sont bons pour lui, vivent correctement du fruit de leur travail. « Bien Manger » contribue à un cercle vertueux.