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Dans cette nouvelle série, StripFood part à la rencontre d’acteurs politiques de terrain dans les régions, départements, mairies ainsi qu’au Parlement. Le point commun de ce casting inédit, des personnalités qui ont décidé de s’engager sur le thème de l’alimentation et de l’agriculture pour faire vraiment bouger les lignes.
Ils nous livrent leur vision de l’alimentation, nous racontent leur combat, les réussites dont ils sont le plus fiers mais aussi les difficultés rencontrées pour faire bouger le système. Inspirant.
C’est Jean-Jacques Bolzan, adjoint au Maire de Toulouse, délégué à l’Alimentation, maire de quartier et conseiller Métropolitain en charge de l’agriculture et de l’alimentation qui inaugure cette nouvelle série.
Quels sont, selon vous, les enjeux prioritaires autour de notre alimentation ?
Permettre l’accès de tous à :
– une alimentation saine : qualité sanitaire des produits/ traçabilité, avec un équilibre des régimes alimentaires (plus de végétal, de légumineuses, moins mais mieux de viande, moins de produits transformés) pour préserver la santé plutôt que de soigner ;
– une alimentation savoureuse, avec un lien aux spécificités de nos terroirs et de nos savoir-faire, à nos cultures et notre gastronomie ;
– une alimentation durable : produite dans des conditions qui respectent l’environnement et le climat, favorisent la biodiversité et rémunèrent les agriculteurs.
L’alimentation est un vecteur de convivialité et de partage de ces enjeux, avec une priorité pour que ce « bien-manger » soit accessible à tous et que chacun se réapproprie son alimentation.
En tant que politique, quels sont les leviers que vous pouvez actionner en ce sens ?
En tant qu’élu de Toulouse Métropole, j’anime un Projet Alimentaire Territorial, qui permet de mobiliser les acteurs de l’agriculture et de l’alimentation, selon leurs champs d’intervention, autour :
- d’ambitions communes pour accompagner la transition agricole et alimentaire et permettre un accès de tous à une alimentation de proximité saine et durable,
- et d’une mise en œuvre opérationnelle d’actions coordonnées pour les atteindre.
En particulier, nous travaillons étroitement avec les communes, que nous accompagnons :
- sur leur restauration collective, vers moins de gaspillage pour plus d’approvisionnement bio et local,
- sur l’impulsion de projets agricoles qui permettent d’installer de nouveaux agriculteurs dans le cadre d’un projet cohérent à l’échelle métropolitaine
Nous créons également des coopérations avec nos voisins des territoires plus ruraux, afin que le bassin de consommation que représente la métropole toulousaine puisse manger des produits de qualité et participer aux dynamismes des territoires agricoles voisins
Enfin, avec le Grand Marché (MIN), outil de Toulouse Métropole, nous permettons la rencontre de l’offre et la demande locale.
En tant qu’élu au « bien-manger » à la Ville de Toulouse, je pilote à la fois la cuisine centrale (35 000 repas / jour), les marchés alimentaires, et la régie agricole toulousaine (220 ha en céréales et vignes, entièrement en bio), ce qui me permet d’agir à différents niveaux pour le bien-manger pour tous.
Quel est le principal frein auquel vous êtes confronté ? Comment faîtes vous pour le contourner ?
Le temps : l’urgence climatique, sociale, économique, nous impose d’agir vite pour davantage de résilience alimentaire, mais les actions et projets mettent du temps à produire des résultats significatifs à long terme, d’autant qu’ils impliquent une grande diversité d’acteurs
Quelles sont les actions concrètes dont vous êtes le plus fier et qui contribuent à bouger les lignes sur ces sujets ?
- La dynamique de mise en réseau des différents acteurs, à la fois à travers notre outil physique que représente le MIN, mais également à travers l’animation du Projet Alimentaire Territorial, qui a rassemblé récemment près de 200 professionnels de tous horizons et a permis de riches débats ;
- L’animation du défi Foyers à alimentation positive, qui permet de faire évoluer les comportements alimentaires par la pratique, et dans la convivialité et le partage ;
- La création de collaborations gagnant-gagnant avec les territoires ruraux dans le cadre des contrats de réciprocité, qui passe d’abord par une meilleure interconnaissance (visites, rencontres, animations communes) ;
- Les achats de produits locaux de qualité avec la cuisine centrale qui permettent de maintenir et structurer des filières, et la création d’un réseau d’acheteurs de restaurations collectives à l’échelle métropolitaine qui, dans leur diversité de demandes, peuvent permettre de soutenir une diversité de fournisseurs locaux ;
- L’implication des communes dans la dynamique de renouvellement des agriculteurs (avec 4 projets pilotes depuis 2012, et une dizaine de nouveaux projets depuis 2 ans), et le rôle de coordinateur et de soutien de la métropole.