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Les quatre premières années de vie adolescente se déroulent en grande partie au collège et sont l’occasion pour des élèves encore imprégnés de naïveté et d’innocence de s’acculturer à de nouveaux champs du savoir. Tout en éprouvant des changements sur le plan physique, psychologique et intellectuel, ces jeunes citoyens doivent intégrer de nouvelles règles, de nouvelles habitudes et de nouvelles sensations. Une majorité d’entre-eux déjeunent à la cantine de leur collège en espérant bénéficier d’un service honorable et qualitatif à tous égards, dans la continuité de ce qui a pu très souvent leur être proposé à l’école élémentaire. Hélas, si nous considérons le cas du département des Hauts-de-Seine, qui n’est pas le plus démuni de France et loin s’en faut, il n’en est rien.
Ainsi, une communication officielle nous indique bien que : « La restauration scolaire est assurée par le département des Hauts-de-Seine dans 88 collèges publics, sur les 98 gérés par la collectivité. Environ 23 000 repas sont servis quotidiennement dans les cantines, soit 3 000 000 sur une année scolaire. » On y précise également « qu’une alimentation saine, équilibrée et adaptée aux besoins des jeunes participe aussi à leur réussite éducative », et que « le département veille à la qualité des repas servis dans les 88 établissements tout en garantissant des tarifs accessibles aux familles notamment les plus modestes. » Il est enfin précisé que : « Les menus sont adoptés avec des parents d’élèves, les collèges et des diététiciens qui veillent au bon respect de leur équilibre. »
Bref, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si la réalité ne se chargeait pas de faire la démonstration inverse aux enfants et aux parents d’élèves. Car il faut bien se rendre à l’évidence, Elior et Sodexo, qui se partagent notamment le marché de la restauration pour les collèges des Hauts-de-Seine, ne semblent pas passionnés par l’importance de cette mission. Ils livrent des repas approximatifs à des collèges dont les cuisines ne servent plus depuis des lustres et dont le personnel n’est plus là que pour proposer sans entrain des choses alimentaires pré-cuisinées et rarement appétissantes. C’est bien dommage car c’est justement à cette période de la vie moderne que surviennent bon nombre de troubles alimentaires plus ou moins sévères chez les jeunes personnes. Sans parler du fait qu’en pratiquant de la sorte, on pousse les élèves à manger en dehors de l’établissement scolaire et à se rabattre au quotidien sur des pratiques alimentaires également problématiques telles que les fast-food et autres aberrations nutritionnelles bien connues.
Au final, les parents se retrouvent confrontés aux effets pervers d’une escroquerie organisée au détriment de leurs enfants et de la santé publique. On perturbe les adolescents au lieu de les instruire, de les intéresser à la commensalité, de les concerner, de les acculturer à l’art culinaire, aux vertus de l’agriculture nourricière. On fabrique des obèses, des anorexiques, des hyperactifs shootés aux sucres rapides, des humains désenchantés sur le plan alimentaire qui ne savent plus se retrouver à la pause méridienne pour apprécier un repas complet dans une ambiance agréable. A partir du lycée, bon nombre de ces jeunes adultes ne sauront plus faire la différence entre le sucré et le salé, la portion simple et la maxi portion, la faim et l’envie permanente.
J’imagine que tout cela est réformable et que certains décideurs ou influenceurs en charge de ces questions pourraient faire en sorte que les jeunes générations puissent se réconcilier avec la nourriture et la nature en commençant par instaurer des rendez-vous sains et appétissants à l’occasion de chaque service de cantine. Ne pas considérer cela comme urgent, comme essentiel et comme primordial alors-même que ce 21ème siècle nous rappelle chaque jour combien le fait de vivre sur cette Terre, de respirer de l’air de qualité, d’avoir accès à l’eau potable et de manger à notre faim sont des privilèges qu’il va nous falloir préserver de toutes nos forces, pourrait bien nous faire basculer dans le chaos.
Vidéo cantine collège 92