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Il y a quelques semaines, McDo annonçait la fin de ses pailles en plastique. Alleluia ! Mais quelques semaines plus tard, nous apprenions que les pailles qui devaient remplacer celles en plastiques, et annoncées comme recyclables, ne l’étaient en fait pas du tout !
Voici un bel exemple de ce que l’on appelle une « fausse bonne idée » !
Nous vivons une époque de profondes mutations. Nous sommes désormais conscients que nous devons changer. Changer nos comportements, nos petites habitudes, accepter de revenir sur certains de nos privilèges pour réduire l’impact de notre activité sur l’environnement. Nous sommes poussés en ce sens par une pression importante d’associations et ONG qui, à grand coup de campagnes médiatiques, font office de lanceuses d’alertes.
Les changements ne se font pas attendre et les initiatives affluent. Sous la pression de l’émotion nous sommes pressés et forcés à agir rapidement. Alors parfois cela vire au non-sens et avec un peu de recul, on se rend compte que des propositions de remplacement séduisantes au premier abord se révèlent parfois pires que les maux dénoncés.
De la perception à la réalité
On ne compte plus les exemples de solutions de remplacement controversées : cigarettes électroniques, filtres à particules sur les véhicules diesel, batteries électriques, couches en matière végétale pour bébés, sacs biodégradables qui ne le seraient pas… tous font l’objet de polémiques. Mais revenons donc à notre paille.
Chaque jour en Europe, on utiliserait plus de 100 millions de pailles à usage unique. Mais au 1er janvier 2021, la vente de pailles en plastique sera interdite dans l’Union européenne. Il faudra alors trouver une autre façon de siroter son verre.
Que nous propose-t-on ?
- Pailles en carton comme chez McDo, mais a priori étant trop épaisses pour être traitées et réutilisées, leur recyclage émettrait encore plus de gaz à effet de serre que celui des pailles en plastiques.
- Pailles en papier mais avec parfois des impressions d’encres posant la question des migrations.
- Pailles compostables mais qui engendrent des comportements à contre-courant de consommateurs n’ayant plus aucun scrupule à les jeter dans la nature.
- Pailles végétales en amidon de maïs mais souvent avec une portion de plastique à l’intérieur et surtout avec un risque de présence de résidus de pesticides
- Pailles réutilisables naturelles en bambou provenant tout droit d’Asie (je viens de découvrir qu’il existe des pailles en bambou récoltées et façonnées au Pays-Basque, c’est PAI) paille en bio-plastique issus de noyaux d’avocat provenant du Mexique, ou encore des pailles en intox made in China – chacune avec le bilan carbone qui va avec… ces solutions ne sont guère affriolantes.
Alors que faire ?
Nous devons, de façon générale, réfléchir à deux fois avant de sauter un peu facilement sur des alternatives. C’est certain.
Concernant nos pailles, pourquoi ne pas revenir à l’origine de la paille… en seigle, comme dans le fameux fromage Sainte-maure-de-touraine ? Des initiatives voient le jour comme en Bretagne ou Normandie (les pailles de la Perche) avec des productions locales pour capter cette demande même si cela reste encore extrêmement niche.
Mais de façon plus radicale, pourquoi ne pas se poser franchement la question de la nécessité de continuer de boire avec une paille ?
Accepter de changer pour aucune alternative, et si c’était ça, le vrai changement faisant sens ?
Photo de couverture : Crédit Photo Martin Parr
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