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Il existe un sujet, sur lequel on peut s’appuyer pour concrètement offrir une grande cause collective, impliquant toute la filière, jusqu’au citoyen, c’est celle des protéines végétales. Un outil commun aux agriculteurs, aux transformateurs et aux citoyens pour prendre part, à leur mesure , à la lutte contre le réchauffement climatique.
La réconciliation entre Agriculture et Société progresse indéniablement. La crise du COVID a fait prendre conscience aux Français qu’ils ne pouvaient ainsi continuer à cracher dans la main qui les nourrit.
Certes, bien des sujets de friction demeurent encore : exigences incongrues des néoruraux vis-à-vis d’un monde qu’ils n’imaginaient pas avant de s’installer à la campagne, conflits sur le partage de la ressource en eau, méfiance et réactions disproportionnées par rapport aux épandages et aux traitements des cultures, demandes inconsidérées sur le Bien-être animal.
Toutes ces incompréhensions et ces difficultés prennent leurs racines dans cet éloignement entre villes et campagnes qui n’a cessé de progresser depuis plusieurs générations pour conduire nos enfants à croire que le blé pousse dans les arbres ou que le poisson est carré. Cette méconnaissance de l’Agriculture, de ses contingences, des difficultés du métier, mais aussi de sa force, de sa noblesse et de sa grandeur méritent qu’éducation et pédagogie deviennent les maîtres mots de cette réconciliation sans laquelle nous n’aurons un jour plus de paysans pour nous nourrir.
Et il existe un sujet, sur lequel cette réconciliation peut s’appuyer pour concrètement offrir une grande cause collective, impliquant toute la filière, jusqu’au citoyen, c’est celle des protéines végétales, outil commun aux agriculteurs, aux transformateurs et aux citoyens pour prendre part, à leur mesure , à la lutte contre le réchauffement climatique.
L’intérêt de cultiver les protéines végétales est maintenant bien établi : en fixant l’azote dans le sol, et en le maintenant couvert plus longtemps, elles permettent d’utiliser moins d’engrais dans les rotations et favorisent des sols fertiles.Néanmoins, leur rentabilité n’est pas encore démontrée. Leur rendement est plus aléatoire, elles sont sensibles au gel et aux insectes : la lentille, la féverole et le pois sont attaqués par la bruche, contre laquelle les stratégies de lutte sont limitées. La R&D, en particulier sur les innovations variétales, est encore peu développée pour ces cultures.
Même si la France offre toutes les conditions pédoclimatiques requises pour faire des protéines végétales à grande échelle, notre souveraineté alimentaire est, de ce fait, loin d’être établie.
La faute, principalement, aux importations de tourteaux. Par exemple, en ce qui concerne le soja, que ce soit pour le feed ou pour le food, la dépendance de la France est énorme : elle ne produit que 3% de ses besoins en tourteaux de soja et 6% de sa consommation en huile de soja. Un gros effort de production est à fournir, que le Plan Stratégique National France souligne, en consacrant à la PAC 2023/2027 l’objectif de doubler la SAU française en légumineuses d’ici à 2030 pour atteindre 2 millions d’hectares.
Mais sur ce sujet, encore une fois, rien ne se fera sans l’aide des consommateurs-citoyens, et donc sans une réelle pédagogie sur ces nouveaux aliments, certes présents dans les assiettes depuis des décennies, mais dont on redécouvre les vertus depuis peu. L’idée n’est pas de faire une apologie sans réserve des protéines végétales et de les rendre majoritaires dans nos assiettes. Le maître mot de l’alimentation c’est la diversité et il s’agit bien de rééquilibrer notre assiette carbone en mariant, à parts égales, protéines animales et protéines végétales, sans déséquilibre des unes par rapport aux autres. L’éducation à l’alimentation doit alors, comme toujours, jouer un rôle majeur en démontrant que les protéines végétales peuvent être cuisinées facilement et qu’il vaut bien mieux les manger brutes que transformées !
Pour débattre de tous ces sujets passionnants, rendez-vous au Forum Open Agrifood à Orléans le 29 novembre.