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En mai 2021, Raphäella Nolleau et ses deux associés ont lancé Yacon.co. Ils ambitionnent de créer en France une filière du yacon, tubercule originaire d’Amérique du Sud au fort pouvoir sucrant mais à l’indice glycémique bien moindre que le sucre de canne ou de betterave. Leur première production de sirop de yacon made in France est attendue pour 2024. Entretien avec Raphaëlla Nolleau.
Raphaëlla et Clément, les fondateurs de Yacon & co
D’où vient cette volonté de développer une alternative au sucre ?
Le sujet du sucre m’anime depuis plusieurs années. Il y a un demi-milliard de diabétiques dans le monde et j’ai moi-même constaté, en testant ma glycémie, que j’avais des pics. Cela peut engendrer des problèmes de digestion et des baisses d’énergie chez tout le monde. L’un de nos associés, lui, est touché par le diabète. Il consommait déjà du sirop de yacon à titre privé pour pouvoir se faire plaisir au quotidien. Originaire d’Amérique Latine, cette plante a un goût très sucré proche du miel et présente l’avantage de ne pas contenir les molécules nocives des sucres normaux.
Nous avons commencé par développer des produits à base de yacon, comme de la pâte à tartiner, qui sont distribués par des magasins bio et notamment dans le réseau Biocoop. Le yacon que nous transformons provient pour le moment du Pérou, mais nous sommes en train de travailler au développement d’une filière française qui devrait porter ses premiers fruits en 2024.
Travaillez-vous déjà avec des agriculteurs français ?
Effectivement, nous collaborons aujourd’hui avec six ou sept agriculteurs en Bretagne et surtout dans les environs de Vichy, où nous sommes basés. Pour pouvoir nourrir les Français, il va nous falloir étendre la production. C’est l’un des objectifs en 2023. Nous nous rapprochons d’agriculteurs qui cultivent déjà le produit et leur proposons d’augmenter leur surface cultivée. De notre côté, nous fournissons les semences et leur assurons que l’intégralité de leur production de yacon sera achetée car comme nous la transformons en jus, l’aspect du produit importe peu.
Est-ce une plante facile à cultiver en France ?
Elle a besoin d’eau mais survit très bien au stress climatique. Cet été, la croissance a été stoppée par les vagues de chaleur et a repris dès que les températures ont un peu baissé. Le principal enjeu réside dans la capacité à récolter les tubercules sans arracher les plants. Nous allons prochainement tester une machine qui tire la plante par sa partie aérienne. L’alternative sera de recruter des saisonniers pour le faire à la main. Par ailleurs, c’est une plante naturellement bio car il n’existe pas vraiment de nuisibles et maladies répertoriées à ce jour.
À terme, vous concentrerez-vous exclusivement sur le jus ou continuerez-vous à développer des produits à base de yacon ?
Jusqu’en 2024, nous allons continuer à développer des produits à base de yacon. Ensuite, nous espérons que les industriels se feront naturellement nos porte-paroles en utilisant notre sirop de yacon dans leurs propres produits. C’est le vrai nerf de la guerre et nous avons déjà quelques pistes en ce sens.
Sur quels investisseurs vous appuyez-vous pour poursuivre votre développement ?
Le Crédit Agricole de Vichy est notre partenaire de prédilection depuis le début et nous venons de lever des fonds auprès du BPI innovation.
Zoom sur le sirop de yacon – Le yacon est un tubercule originaire des régions andines d’Amérique du Sud. En France, il est plus connu sous le nom de poire de terre, sa texture croquante et son goût légèrement sucré rappelant le goût du fruit. Outre l’eau, le yacon se compose principalement d’inuline et de fructo-oligosaccharides, des fibres qui stimulent le développement de bactéries bénéfiques pour la flore intestinale. Agent sucrant, l’inuline présente également l’avantage de ne pas élever la glycémie. Le sirop de yacon a donc des effets positifs sur la maîtrise du poids et le système immunitaire. Il est conseillé de l’utiliser pour aromatiser les aliments crus ou déjà cuits.