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J’ai grandi à la campagne, dans une ferme, dans le Limousin. Depuis tout petit je voue un grand respect pour la Nature et les animaux et je pense sincèrement que cela a contribué à forger mon socle de valeurs. J’ai été élevé à la campagne au milieux d’éleveurs (bovins et autres) mais aussi aux côtés de chasseurs. Si je n’ai jamais pu participer à une quelconque tuerie, je n’ai en revanche jamais cessé de consommer de la viande.
Pourquoi ? Certainement car j’ai toujours vu autour de moi des éleveurs passionnés par leurs métiers et leurs animaux, des chasseurs pratiquant une chasse sportive et équilibrée et à une forme de régulation des espèces mais de façon maîtrisée. Certainement aussi car j’ai toujours trouvé normal pour un carnivore comme l’homme de manger de la viande. Et enfin certainement car je n’ai jamais eu l’image de l’animal vivant me regardant droit dans les yeux au moment où je dévorais ma côté de bœuf par exemple.
Car c’est bien de cela qu’il est question avec les vegans les plus radicaux. Ils veulent et réussissent à agir sur nous en nous forçant à réaliser que derrière le morceau de viande que nous mangeons il y a un animal. Ils veulent mettre à mal le mécanisme de la dissonance cognitive (la dissonance cognitive désigne la tension interne propre au système de pensées, croyances, émotions et attitudes d’une personne lorsque plusieurs d’entre elles entrent en contradiction l’une avec l’autre) qui consiste à la capacité de l’être humain de ne pas faire le lien entre la viande et l’animal.
Grâce à des campagnes choc, ils y réussissent quelque part car même si la part des végétariens ou vegans reste extrêmement minoritaires (moins de 5 % de la population), l’impact sur le reste de la population est réel. On parle ainsi de comportement flexitariste pour évoquer le fait de réduire sa consommation de viande pour des raisons de santé, de protection de l’environnement, de prise en considération de la cause animale mais aussi pour des considérations économiques.
Le débat a tendance malheureusement à se radicaliser avec de nombreuses boucheries et des abattoirs vandalisés, provoquant en réaction la mobilisation des agriculteurs et fans de bidoche.
Si la prise en compte du bien-être animal et la lutte contre certaines pratiques intolérables dans les abattoirs doivent être clairement une priorité de nos sociétés, ce type de radicalisme alimentaire (utilisant le prosélytisme et souvent la violence) ne peut être toléré, chacun restant à la fin libre de décider de sa propre consommation.
Pour aller plus loin dans ce raisonnement, et prendre un peu de recul avec légèreté, je vous recommande de lire cet article court et extrêmement drôle écrit par Christophe Lavelle, chercheur au CNRS et au Muséum National d’Histoire Naturelle à Paris, publié en 2017 sur le blog Bruit de Table (un excellent blog dédié aux interviews de personnages du milieu de la restauration).
Il nous incite à nous interroger sur ce que nous pouvons manger, pas au sens physiologique mais au sens moral. Y aurait-il une hiérarchie morale entre les animaux, entre les espèces ? Le raisonnement peut être sans fin. Bonne lecture, c’est un délice !
Le lapin, le cresson et ta mère !