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« Il faut arrêter de manger des yaourts ! » , disait Isabelle Saporta il y a quelques semaine sur l’antenne de RTL.
« Faites du sport », « Consommez cinq fruits et légumes par jour », « Manger moins gras, moins sucré, moins salé »… Cette semaine encore, Juliette Binoche, Isabelle Adjani et 498 autres personnalités appelaient les français à respecter le lundi vert, sans viande, ni poisson ! Et si l’on arrêtait un peu avec ces injonctions ?!
Une injonction est une forme d’ordre, un commandement. On en retrouve tous les jours et le domaine alimentaire en regorge. De la production à la consommation, ces consignes peuvent être données par « des organisations internationales, des États, des entreprises, des médecins, mais aussi des politiques, des religieux, des mouvements sociaux, des médias et chacun de nous », recense le sociologue François Dubet.
Manger sain est une injonction contemporaine chez les consommateurs. Le lien entre alimentation et santé étant désormais totalement avéré, nous devons prendre soin de notre corps et de notre capital santé en mangeant mieux. C’est assez clair, cela découle du bon sens, nous sommes prévenus ! D’ailleurs, l’injonction vient souvent en premier lieu des autorités publiques avec des campagnes gouvernementales.
Mais là où cela se gâte un peu, c’est avec la horde d’injonctions s’inscrivant dans cette brêche prodigieuse et exploitant le lien hypothétique avec la santé. Ces injonctions sont pour la plupart promulguées par des journalistes, des personnalités, des marques dont la crédibilité peut parfois poser question…
Pourquoi il faut se méfier de ce trop-plein d’injonctions ?
- Les injonctions dépendent des époques : c’est par exemple le cas du beurre, une matière grasse qui selon les époques n’est pas créditée de la même image ou encore du pain, qui ferait grossir mais est recommandé dans certains régimes.
- Elles peuvent être manipulatrices : par exemple, celle de manger « moins sucré » peut se traduire par des produits riches en additifs artificiels. L’offre bio se révèle être souvent à deux vitesses entre un bio local, resté authentique, et le bio de masse produit à l’autre bout de la planète dans d’obscures conditions.
- Elles peuvent être contradictoires : des ingrédients à la mode bénéficient d’un super capital image comme les amandes mais dans la réalité cela reste un produit extrêmement gras qu’il faut consommer avec modération.
- Elles ne s’appliquent pas à tous car nous sommes tous différents : il est attesté que les produits sans gluten ne sont absolument pas adaptés aux personnes ne présentant pas d’intolérance. Les applications comme Yuka ne prennent par exemple pas du tout en considération la notion de portions et comparent tous les aliments sur la même base.
- Elles sont souvent liées à des vérités scientifiques elles même sujets à controverses : c’est le cas par exemple des nombreux articles et contre-articles sur le modèle de « Boire un verre de vin par jour est-il vraiment bon pour la santé ? ». La presse regorge de ce type d’articles qui font et défont aussitôt la réputation des ingrédients.
- Elles peuvent être liées ou amplifiées par des phénomènes de mode : des régimes « sans gluten » ou encore les offres « detox » surfent toutes sur nos peurs mais avec des réponses qui ont peu de sens de façon générale.
Alors, oui, nous devons faire attention à ce que nous mangeons, mais nous devons aussi faire attention à toutes ces injonctions qui ne sont pas toujours toutes franches.
Exploitations marketing, injonctions morales, phénomènes de modes… Nous devons prendre du recul et ne pas nous réfugier dans des réponses toutes faites mais garder notre libre arbitre afin de ne pas se trouver infantiliser comme dans la pub Carambar…