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L’acte alimentaire est avant tout un acte global. On mange non seulement pour donner du carburant à son corps (l’alimentation est notre fuel) mais aussi pour se faire plaisir (à travers le goût, bien évidemment mais aussi pour le plaisir des yeux) et de plus en plus en faisant des choix en accord avec notre conscience.
En matière de conscience, justement, nous n’avons clairement pas tous la même. Certains consomment en privilégiant le critère d’éthique sociale, comme avec les offres de commerce équitable ou encore C’est qui le Patron, d’autres ont une conscience plus écologique (avec le bio ou le vrac), d’autres encore privilégient une consommation locale, voire clairement « made in France », d’autres enfin placent le bien-être animal en tête de leurs préoccupations.
Sous cette pression, portée par les consommateurs les plus radicaux qui la surexposent médiatiquement, les offres progressent et se transforment.
Mais avons-nous collectivement vraiment conscience de ce que nos nouvelles exigences impliquent ?
Des fruits « made in France » seront évidemment plus chers (ce qui est lié au coût du travail et aux avantages sociaux que nous défendons par ailleurs en parallèle) ; des fruits ou légumes sans traitements seront plus moches et se conserveront beaucoup moins bien ; une pâtisserie produite avec des œufs de poules élevées en plein air engendrera des coûts liés à la transformation des modes d’élevages que doivent supporter les agriculteurs qui doivent transformer en amont leurs outils de production ; des produits sans emballages seront moins pratiques car ils se conserveront moins bien ; un macaron sans colorants sera moins esthétique et donc moins flatteur pour nos pupilles.
Bref, de façon générale, nos nouvelles exigences ont non seulement un coût mais peuvent avoir également des implications sur la praticité, le goût, voire l’esthétique. Sommes-nous vraiment prêts pour ces changements ?
Si les nouvelles consciences font progresser le monde, elles ne doivent pas conduire à une vision jusqu’au-boutiste d’une alimentation présumée parfaite dictée par les consommateurs les plus radicaux à laquelle seule une minorité pourrait accéder. À l’aube d’une crise économique sans précédent, nous devons plus que jamais faire des choix pour trouver un juste équilibre entre le plaisir, la qualité et l’accessibilité au juste prix pour espérer délivrer une alimentation de qualité au plus grand nombre.