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En matière alimentaire, il semblerait que les fabricants prennent un malin plaisir à appliquer ce dicton au pied de la lettre : « mélanger des choux et des carottes ».
Et le shopper moyen a (sincèrement) de quoi y perdre son latin, alors même que le consommateur citoyen ne cesse de dire qu’il a besoin d’être rassuré sur la qualité de ce qu’il mange.
Un exemple concret avec ces 2 ketchups Bio :
L’information visible durant les 4 secondes moyennes que passe le shopper à choisir son produit est sur 2 niveaux :
- L’information sur le pack (qualité du design, notoriété de la marque, lisibilité des informations produit)
- Le prix de vente.
Sur ces 2 niveaux de lecture primaires, l’avantage va incontestablement au flacon de Heinz : marque iconique, étiquette épurée, tomates en lévitation, dans une bouteille 100 % recyclable, à un prix de 2,18 €.
Mais à y regarder de plus près, les différences sont bien plus conséquentes :
👉 Tomates origine France côté Quintesens / Pas d’indication côté Heinz (France, Espagne, Etats Unis, Chine, aucune information disponible sur le pack ni sur le site de la marque).
👉 78 Kcal pour 100 g d’un côté, 114 Kcal de l’autre
👉 Des tomates, des carottes, des betteraves, des pommes de terre et des oignons ET du sucre de canne équitable en 5ème position d’un côté / des tomates et du sucre en 2è position de l’autre.
👉 Nutriscore B pour Quintesens / Nutriscore D pour Heinz. On retrouve ici par parenthèse tout l’intérêt du Nutriscore : comparer des choux avec des choux : le label n’a de sens que pour discriminer 2 produits d’une même catégorie entre eux. Avantage significatif à Quintesens ici. Mais aucune des 2 marques n’affiche le Nutriscore
👉 Sans le moindre additif pour Quintesens : on pourrait donc penser zéro additif / sans conservateur ni épaississant ajouté pour Heinz : est ce qu’il y a des conservateurs et des épaississants présents dans les ingrédients initiaux de la recette, aucune information sur ce point
Alors que compare-t-on vraiment quand on scrute ces 2 produits ? Des choux et des carottes.
Si, à priori, le prix de Heinz est beaucoup plus attractif, que deviendrait ce prix si on lui ajoutait :
- Le coût d’une origine France, avec les enjeux qu’on connaît aujourd’hui sur la résilience alimentaire ?
- Le coût d’une consommation importante de sucre qui pèse sur la santé de la majorité des Français ?
- Le coût, peut-être, ce point reste à prouver, de la consommation de conservateurs et d’épaississants initialement présents dans la recette et donc dans le produit fini ?
- Le coût carbone pour la planète, et donc pour notre avenir, de produits transportés d’un bout à l’autre du globe ?
- Le coût de la fiscalité entre une production et des impôts payés en France et une autre ailleurs ?
J’ai eu la chance de constater les bénéfices incroyables de la transparence lorsque j’ai été Directeur Marketing de Lesieur puis de Fleury Michon.
La transparence, c’est la condition de la confiance : vous accorderez beaucoup plus de crédit à une marque qui vous explique où elle en est concrètement : ce qu’elle est fière d’avoir accompli ET les efforts qui lui restent à faire, qu’en une marque qui vous parle d’une recette gardée secrète depuis un siècle. Une vraie histoire plutôt qu’une belle histoire.
La transparence, c’est le pari de l’intelligence : lorsque les gens ont accès à l’information, ils choisissent en conscience, avec toutes les cartes en main pour le faire. Et ils choisissent l’offre qui leur apporte le meilleur bénéfice pour le meilleur prix. Les 2 dimensions sont essentielles :
- Si on ne se concentre que sur le meilleur bénéfice, on aura des produits trop chers, ce n’est pas acceptable,
- Si on ne se concentre que sur le meilleur prix, toutes les dérives repartiront de plus belle, de la pression sur les agriculteurs à la dégradation de la qualité et à l’appauvrissement général de la chaine de valeur,
Pour comparer des choux avec des choux, il faut un accès clair et transparent à l’information.
C’est pour cette raison qu’est né le collectif EnVérité qui regroupe aujourd’hui près de 50 marques qui demandent au législateur de mettre en place des règles communes sur 4 dimensions :
- L’origine des matières premières,
- La qualité nutritionnelle,
- La présence d’additifs,
- Le type d’agriculture,
Quintesens est le fondateur de ce collectif. Et je l’accompagne avec beaucoup de bonheur.
Toutes les infos sur https://www.en-verite.fr