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Notre génération est la première à savoir les effets du changement climatique. Nous en connaissons les chiffres aussi : un tiers des émissions de carbone provient de la chaine alimentaire. Alors que certains n’y voient qu’un problème, c’est en réalité notre premier levier d’action. Celui dont chacun peut s’emparer !
Face à l’urgence climatique, l’alimentation est une grande part de la solution !
Mais pour cela, il faut avoir le courage de changer notre modèle.
Et pour changer l’alimentation, commençons par changer notre manière de produire. L’agriculture intensive telle que nous la connaissons, est une aberration. En 2022, la Convention de l’ONU pour la lutte contre la désertification alertait, dans la deuxième édition du Global Land Outlook, sur l’accélération de la dégradation des sols et ses conséquences sur les populations. 40% des terres mondiales sont dégradées, quand 25% l’étaient en 2017.
En parallèle, des études de la FAO indiquent que nous n’aurons plus devant nous qu’une soixantaine de récoltes, si nous continuons à ce rythme, et qu’il y a déjà une déperdition de la qualité nutritive de ce que nous récoltons.
Il faut bien garder à l’esprit que ce que nous produisons dépend de la terre et de ceux qui s’y consacrent corps et âme, les agriculteurs et les éleveurs. Il nous sera impossible de faire face aux besoins alimentaires d’une population qui atteindra près de 10 milliards d’êtres humains en 2050 sans modifier collectivement notre relation aux sols, sans en prendre soin.
Une solution existe, c’est l’agriculture régénératrice. La force de cette nouvelle voie, c’est que, la nature, si on la respecte et on l’écoute, peut très rapidement redevenir une alliée pour restaurer la santé des sols, favoriser la biodiversité, retenir l’eau et capter le carbone. C’est un cercle vertueux : les vers de terres se remettent à creuser des galeries, aident les racines à s’implanter plus profondément dans les sols et l’eau à circuler, les microorganismes transforment la matière en nutriments essentiels à la croissance des plantes, le sol foulé par une multitude d’espèces, est capable de capter le carbone. Un modèle d’agriculture et d’élevage durable tire parti de ce rôle naturel de la terre. Il en résulte la réduction de l’utilisation des intrants de synthèse et des combustibles fossiles, mais aussi, lorsque les protéines, comme le pois ou la luzerne, dont la vache a besoin pour se nourrir sont cultivées à la ferme, la réduction des importations de soja qui déforestent le Brésil.
Ce modèle a l’avantage d’être local, souverain et de permettre aux écosystèmes d’être plus résilients face aux chocs externes.
Cette transition nécessite de soutenir et accompagner nos partenaires producteurs de lait ou de pommes dans la transformation de leur pratiques et l’adoption de méthodes régénératrices. Ne l’oublions jamais, ce sont eux qui nourrissent le monde. Chez Bel, nous sommes dans une démarche de construction commune et innovons à leurs côtés, partout où nous sommes implantés. Nous travaillons de la fourche à la fourchette, pour que chaque portion d’alimentation que nous proposons soit une portion de bien-manger pour nos consommateurs. Une terre préservée, ce sont du lait et des pommes sains, nutritifs et de qualité pour nos produits !
Le sujet est éminemment collectif. Notre enjeu aujourd’hui est celui de l’impact. Et nous n’en aurons qu’en agissant ensemble, dans le cadre d’une démarche coordonnée et robuste. Aussi, je souhaite initier un mouvement pour que l’agriculture régénératrice devienne la norme pour tous et partout, et l’inscrire dans un cadre de référence co-construit avec nos partenaires : le WWF France et Earthworm Foundation. Nous partagerons nos expériences et déploierons sur le terrain des pratiques d’agriculture régénératrice innovantes, suivies et mesurées par des experts techniques reconnus, comme Biosphères et Earthworm Foundation. Mon objectif est de rassembler, à l’échelle internationale, tous les partenaires qui le souhaiteront – fournisseurs, coopératives, distributeurs, acteurs de l’agroalimentaire ou de la restauration…- autour du développement de pratiques d’agriculture régénératrice.
J’appelle donc à nous rejoindre au sein de cette Alliance ouverte tous les acteurs de l’alimentation qui souhaitent combiner respect de la nature, capacité nourricière et résilience des exploitations.
Ensemble, redonnons vie à la terre afin qu’elle continue à nous faire vivre !