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Agriculture « régénérative » ou « régénératrice »…le terme revient de plus en plus en plus dans les communications de marques non-bio (conventionnelles), et peut interroger le consommateur non-expert. Le régénératif, c’est quoi ? C’est mieux ou moins bien que le Bio ? Un indice : les plus grosses multinationales du Food business commencent à l’utiliser. De quoi être méfiant ? En fait, il semble que l’expression soit devenue, après le HVE, un nouveau déguisement de l’agriculture conventionnelle.
Pour le régénératif, tout avait bien commencé avec le lancement du mouvement « RegenerativeOrganic Certified » (ROC) en 2017. Le mouvement ROC pousse l’agriculture biologique à systématiser des pratiques couramment utilisées en bio pour améliorer la fertilité des sols, telles que la couverture des sols, la rotation ou la diversification des cultures, ou la préservation d’espaces non cultivés pour favoriser la biodiversité. Mais cette certification doit reposer sur un socle fondamental : la non-utilisation d’intrants chimiques, qui est le BA-BA de la Bio. Malheureusement, le terme « régénératif » est aujourd’hui détourné et dilué au profit de pratiques simplifiées qui sont loin de répondre aux enjeux environnementaux et sociaux du modèle agricole actuel.
Le terme « agriculture régénérative » n’obéissant à aucun contrôle et aucun cahier des charges (contrairement au Bio), il est ainsi employé sans retenue, offrant aux entreprises opportunistes l’occasion de verdir une approche intensive. Si le régénératif peut intégrer des pratiques vertueuses de conservation des sols, il ne tient pas compte de la non-utilisation de pesticides ou engrais de synthèse.
Contrairement à l’agriculture biologique, qui adhère à des pratiques bien définies et un cahier des charges précis harmonisé au niveau européen, l’agriculture « régénérative » n’est soumise à aucune définition ni contrôle, permettant à tout un chacun sa propre interprétation et l’application de ses propres règles. En outre, les mêmes acteurs industriels qui recherchent une certaine flexibilité par rapport aux exigences de l’Agriculture Biologique ne s’engagent pas non plus à obtenir la certification ROC.
Désormais, avec l’utilisation sans discernement du terme « agriculture régénérative », et dans l’esprit de la majorité des entreprises qui utilisent cette expression, la définition de cette agriculture inclut l’utilisation de pesticides chimiques de synthèse, ce qui contredit l’essence même des pratiques régénératrices authentiques.
Il faut donc impérativement que l’«agriculture régénérative » se dote d’une définition claire, de pratiques standardisées et d’évaluations solides, ceci afin de mesurer son efficacité et sa légitimité.
En attendant, méfions-nous du greenwashing !